Le paludisme tue beaucoup moins, au Sénégal, depuis l'introduction dans le pays, il y a trois ans, d'une nouvelle combinaison médicamenteuse à base d'artémisinine, font valoir des chercheurs de l'Institut de recherche et de développement (IRD) à Dakar. «Jusqu'en 2006, on comptait 8000 décès par an dus au paludisme», explique un paludologue à l'IRD. Ce bilan s'est réduit pour atteindre à présent «1200 décès par an», pour une population totale de 12 millions d'habitants, selon ce dernier, qui l'explique par la diffusion de nouvelles associations thérapeutiques à base d'artémisinine (ACT, «artemisinin-based combination treatment»), dérivées en partie d'une plante chinoise. Même constat au ministère sénégalais de la Santé qui recensait «près de 600 000 cas il y a à peine trois ans» et assure que ce nombre a été «divisé par 3,5». Selon l'IRD, le recul est surtout significatif pour les enfants. Jusqu'à la fin des années 1990, le principal traitement reposait sur la nivaquine et la chloroquine. Mais une résistance à ces deux médicaments s'est développée, poussant le Sénégal à finalement recourir aux ACT à partir de 2006. Plusieurs zones d'observation ont été ciblées, avec le suivi médical quotidien des enfants de 0 à 9 ans. Puis les ACT y ont été administrés. «Avec l'introduction de ces nouveaux médicaments, les enfants ne font plus que 1,2 accès palustre (‘crise de palu') par an, contre 6 dans les années 90.» Ces conclusions se fondent sur des études menées depuis les années 90 par le laboratoire de paludologie de l'IRD en collaboration avec l'Institut Pasteur de Dakar, la faculté de médecine de Dakar et le ministère de la Santé. Seul bémol : certains spécialistes redoutent à présent le développement d'une nouvelle résistance parasitaire à ces médicaments. Par ailleurs, le recul du paludisme est aussi lié à l'emploi de nouvelles méthodes de détection de la maladie. «Depuis l'introduction des ‘tests de diagnostic rapide', nous avons découvert que toute fièvre n'est pas synonyme de paludisme», relève un responsable de la division études et recherche au ministère de la Santé. A cela s'ajoutent les efforts en matière de prévention, les parasites responsables du paludisme étant transmis par la piqûre de la femelle d'un moustique, l'anophèle. En juin, les autorités ont mené une campagne visant à distribuer 2,2 millions de moustiquaires imprégnées dans tout le Sénégal. 63% des ménages sénégalais disposent d'au moins une moustiquaire. La probabilité d'être piqué par l'anophèle est la plus forte en nocturne, entre 18h et 7h.