Les résistances aux insecticides rendent les moustiques plus forts en l'absence de produit. Des moustiques « double mutants », porteurs de deux gènes de résistance aux deux classes d'insecticides les plus utilisées dans le monde, ont été étudiés par des chercheurs du Centre national français pour la recherche scientifique (CNRS) et l'Institut de recherche et développement (IRD). Ils montrent dans un article publié en ligne dans BioMed Central que ces mutations interagissent et augmentent le taux de survie des moustiques en absence d'insecticide. Ces travaux devront être pris en compte dans les stratégies de lutte contre les moustiques vecteurs de maladies. La plupart du temps, quand les insectes parviennent à résister aux insecticides, grâce à une mutation génétique, cela s'accompagne pour eux d'un « fardeau » génétique : ils résistent bien aux insecticides, mais souffrent d'un handicap pour le reste (survie, fécondité, échappement à la prédation…). Et quand ils se retrouvent dans un environnement sans insecticide, ils se reproduisent beaucoup moins bien que les insectes n'ayant pas muté. En comparant le taux de survie d'une lignée de moustiques portant les deux gènes de résistance à deux classes d'insecticides les plus utilisées sur la planète, à chacune des lignées résistantes à une seule classe d'insecticide, ils ont montré que, contrairement à ce que l'on pouvait penser, les « doubles mutants » ne sont malheureusement pas doublement handicapés. Au contraire, leur fardeau génétique diminue : ils sont donc résistants en présence des deux classes d'insecticides et plus en forme en leur absence. La femelle « nettoie » notre sang On connaît désormais la façon dont le moustique se débarrasse des produits toxiques — pour lui — contenus dans notre sang. Des chercheurs américains de l'université de l'Arizona, après deux ans de travaux, ont décortiqué ce curieux processus métabolique chez l'Aedes aegypti (responsable de la dengue et de la fièvre jaune). Ils ont ainsi découvert comment la femelle, après nous avoir piqués, élimine de son organisme l'azote et l'ammoniac qui résultent de la transformation des nutriments provenant des protéines du sang. Si les scientifiques parvenaient à trouver le moyen de bloquer ce processus, les toxines s'accumuleraient et tueraient le moustique avant qu'il ne se reproduise. La solution pourrait se trouver dans une molécule, inoffensive pour l'homme, à intégrer dans la composition d'insecticides. L'équipe de chercheurs réfléchissent à un modèle à pulvériser ou à prendre oralement, en particulier pour les populations à risque. Ce médicament ne préviendrait pas la maladie en cas de piqûre ; mais l'insecte, qui aura ingéré l'insecticide, mourra avant d'avoir pu piquer une autre personne. Un moustique génétiquement modifié est plus fort qu'un moustique malade Un moustique génétiquement modifié pour résister au parasite du paludisme pourrait contribuer à la lutte contre la maladie. L'expérience a été menée sur l'Anopheles stephensi : des chercheurs américains ont placé 250 insectes transgéniques dans une cage avec 250 autres, normaux, et des souris infectées. Après neuf générations, 70% des moustiques sont devenus transgéniques, ce qui laisse supposer que la résistance au paludisme leur confère un avantage en terme de survie. L'expérience doit maintenant être réalisée sur l'Anopheles gambiae, principal vecteur du paludisme en Afrique.