La décision du gouvernement portant prise en charge des allocations familiales par les employeurs à la place de l'Etat, comme cela se fait dans plusieurs pays du monde, a suscité des interrogations et des réactions divergentes au niveau de la classe syndicale. L'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), partenaire social officiel, a cautionné cette mesure. «Le gouvernement s'interroge sur les raisons qui le motivent à verser les allocations familiales pour des entreprises qui ont les capacités de les payer elles-mêmes. On ne doit pas payer pour des gens qui ont les moyens de le faire, particulièrement le secteur privé étranger», a déclaré Abdelkader Malki, cadre de l'UGTA chargé de la communication. Le secrétaire général du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap), Rachid Malaoui, ne voit pas les choses sous cet angle. «Le gouvernement a décidé seul sans se concerter avec les partenaires sociaux et je me demande où sont ces entreprises qui peuvent assurer ces charges. Toutes nos entreprises publiques sont des sociétés de services», a-t-il déclaré. Notre interlocuteur est revenu également sur le licenciement de 700 000 travailleurs durant les années 1990 et la fermeture de plusieurs entreprises publiques «déficitaires». «A cette époque, le gouvernement a décidé d'assurer cette charge sociale après la signature d'une convention avec le FMI dans le but de garder les travailleurs à leurs postes.» Considérant que la tripartite «n'est qu'une formalité pour annoncer les décisions du gouvernement prises en aval», Rachid Malaoui se demande «si nous avons vraiment des entreprises productives pouvant assurer les allocations familiales aux employés». Il a rappelé dans le même ordre d'idées que «40% des travailleurs ne sont pas déclarés à la sécurité sociale par leurs employeurs». Pour notre interlocuteur, «la décision du gouvernement ne contribuera en aucun cas au développement de l'économie nationale, au contraire, cela va se répercuter sur la politique du recrutement». En effet, les employeurs recruteront plus les célibataires que les pères de famille qui leurs «coûteront cher». Condamnant l'exclusion des syndicats autonomes de la tripartite, Meziane Meriane, responsable du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), a plaidé pour une allocation familiale unifiée concernant tous les salariés de la fonction publique, notamment pour le secteur de l'éducation. Il estime par ailleurs qu'«il n'y a rien d'étonnant du fait que les entreprises assurent les allocations familiales, comme c'est le cas à l'étranger». Toutefois, a-t-il souligné, «l'Etat doit mobiliser des institutions telles que les inspections du travail tant à l'échelle régionale que nationale pour assurer un contrôle rigoureux et veiller à ce que les salaires des fonctionnaires ne soient pas réduits».