Cinq voitures piégées ont explosé simultanément hier dans plusieurs quartiers de Baghdad, tuant 112 personnes et blessant au moins 207 autres. Ce carnage, perpétré sans aucun doute par Al Qaïda, intervient après le vote par le Parlement irakien de la nouvelle loi électorale et au moment où devait être annoncée la date des prochaines législatives. Les fortes explosions ont semé la panique parmi la population, déjà traumatisée par les attentats quasi quotidiens qui surviennent à Baghdad et dans plusieurs autres villes irakiennes, depuis l'invasion du pays en 2003 par les forces de la coalition américano-britannique. Toutes les rues menant aux bâtiments officiels ont été fermées par la police dont les unités ne cessaient de patrouiller dans la ville. Selon des sources policières, c'est un kamikaze qui a fait exploser sa voiture contre une patrouille de police devant l'Institut ee Technologie, dans le quartier de Dora à l'entrée sud de Baghdad. L'attentat a fait 15 morts - trois policiers et 12 étudiants -, alors que 23 étudiants ont été blessés. Au moins 97 autres personnes ont péri dans les quatre attentats qui ont eu lieu devant le palais de Justice dans le quartier de Mansour (ouest), le ministère du Travail rue de Palestine, l'antenne du ministère de l'Intérieur à Al-Nahda et le marché Rassafi à Chorja (centre). Un responsable de la Cité médicale a indiqué que plusieurs des corps que son service a reçus étaient déchiquetés et qu'il y avait parmi eux des femmes. Cette série d'attentats intervient après l'adoption, dimanche, par le Parlement, d'une loi électorale, discutée entre les communautés ces derniers mois, et qui ouvre la voie à la tenue des deuxièmes législatives depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, dans la foulée de l'invasion américaine. Le Conseil présidentiel, regroupant le chef de l'Etat et ses deux adjoints, devait se réunir en principe hier avec la commission électorale pour fixer la date du scrutin prévu à l'origine en janvier, selon la commission électorale, et que la mission d'assistance de l'ONU en Irak a souhaité sa tenue le 27 février. Selon les spécialistes, le mode opératoire des attentats d'hier ressemble à celui des attentats du 19 août et du 25 octobre à Baghdad, qui avaient fait au total plus de 250 morts et été attribués au réseau extrémiste Al-Qaïda. Les services de renseignement de l'armée américaine et le Premier ministre irakien avaient prévu un regain des attaques avant le scrutin. Le commandant des troupes américaines en Irak, Ray Odierno, avait même souligné qu'il pourrait demander à Washington de retarder le retrait progressif des troupes si la situation le nécessitait. Les commandants américains avaient aussi estimé qu'Al-Qaïda avait décidé de s'attaquer au pouvoir chiite pour tenter de le décrédibiliser avant des élections. Ces dernières sont en effet considérées comme cruciales pour l'avenir du pays car elles devraient établir l'échiquier politique pour les années à venir. Leur tenue dans de bonnes conditions est essentielle pour l'administration américaine qui a souhaité accélérer son retrait du pays. Les troupes de combat doivent avoir quitté l'Irak d'ici août 2010, un prélude au désengagement total fin 2011. Rappelons que quelque 115 000 soldats américains sont actuellement déployés à travers l'Irak.