Le sort de la militante sahraouie des droits de l'homme suscite une vague d'indignation dans le monde depuis son expulsion du Maroc, le 14 novembre, vers les Iles Canaries. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui semble suivre le dossier de près, s'est entretenu ce jeudi avec le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, du sort d'Aminatou Haidar, en grève de la faim depuis le 16 novembre, à l'aéroport de Lanzarote, en Espagne, pour exiger son retour à Laâyoune où elle réside. Selon le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, M. Ban a exprimé son inquiétude au sujet de la santé «déclinante» de Mme Haidar et a affirmé la nécessité de trouver une solution «de toute urgence». Il a ajouté que M. Ban a fait «certaines propositions» afin de résoudre la situation, sans préciser lesquelles. Il a indiqué toutefois que M. Ban pourrait rencontrer à New York le ministre marocain des Affaires étrangères, Taieb Fassi Fihri. Jeudi, la présidence suédoise de l'UE a réagi en faveur d'une solution «positive» concernant la situation de Mme Haidar dont l'état de santé est source d'inquiétude, appelant les autorités marocaines à respecter leurs obligations internationales relatives aux droits de l'homme. Le communiqué de l'UE invite également le Maroc à coopérer avec les autorités espagnoles «afin qu'une solution positive puisse être trouvée». Les pressions d'Amnesty International Amnesty International avait réclamé mercredi pour sa part le «retour immédiat et inconditionnel» au Sahara occidental d'Aminatou Haidar, réitérant, dans un communiqué, son appel aux autorités marocaines pour qu'elles permettent son retour immédiat et inconditionnel à Laâyoune et qu'elles lui rendent son passeport». Amnesty annonce avoir envoyé au Premier ministre marocain 48 000 signatures appelant à résoudre la situation de Mme Haidar, 42 ans, et de huit autres militants sahraouis emprisonnés. L'organisation attire l'attention sur l'état de santé «spécialement préoccupant» d'Idriss Chahtane, directeur de la publication de l'hebdomadaire Almichaal, qui subit selon elle «un traitement punitif en régime d'isolement». «Il est important de continuer à faire pression sur les autorités marocaines à qui il incombe fondamentalement de résoudre cette situation», a déclaré le directeur d'Amnesty pour l'Espagne, Esteban Beltran, cité dans le communiqué. Les Eurodéputés Willy Meyer, Raul Roneva, Ana Miranda, Joao Ferreira et Miguel Porta, d'Espagne et du Portugal, se sont rendus à Lanzarote pour apporter leur soutien à Aminatou Haidar, et ont appelé au gel du statut avancé que compte accorder l'UE au Maroc, jusqu'à ce que la militante sahraouie des droits de l'homme «retourne chez elle» à El Ayoun et que «le droit international pour la décolonisation du Sahara occidental soit appliqué». Les Eurodéputés ont remis à Aminatou Haidar l'appel signé par plus de 150 parlementaires européens, exigeant son retour et dénonçant «l'oppression et la répression marocaines contre les populations civiles sahraouies, dans les territoires occupés au Sahara occidental». Mohamed Abdelaziz : «Un grave antécédent» Réagissant à la situation préoccupante d'Aminatou Haidar, le président sahraoui Mohamed Abdelaziz a appelé jeudi Ban Ki-moon à intervenir «d'urgence» pour sauver la vie de la militante tout en dénonçant «le crime abjecte» commis par les autorités marocaines à l'encontre d'une dame connue pour son militantisme pacifique et civilisé. «La citoyenne et militante des droits de l"homme Aminatou Haidar attend votre intervention urgente pour mettre un terme à l'injustice qu'elle subit et nous vous appelons à intervenir d'urgence pour prendre toutes les mesures nécessaires pour sauver la vie de cette âme innocente dont le seul tort est d'avoir défendu les principes et la charte des Nations unies», a écrit le président Abdelaziz dans un message adressé au secrétaire général de l'ONU. M. Abdelaziz a précisé dans ce contexte que «l'attitude du royaume du Maroc à l'égard d'une citoyenne résidant dans un territoire relevant des Nations unies est un grave antécédent qui requiert une réponse et une intervention urgente non seulement pour sauver cette mère privée de ses deux enfants mais aussi pour mettre les choses au clair, exprimant par la même son étonnement de l'inertie de la communauté internationale lorsqu'il s'agit de sauver la vie de Aminatou Haidar qui a reçu plusieurs prix de la part d'institutions internationales. En dépit de cette mobilisation internationale, le Maroc refuse toute concession, indiquant que le retour d'Aminatou Haidar n'est envisageable que si elle présente ses excuses à l'Etat marocain. Jeudi, le ministre marocain de la Communication, Khalid Naciri, a indiqué que Mme Haidar «doit admettre son erreur et présenter des excuses pour offense aux symboles de la Nation». Le ministre du roi a saisi l'ocasion pour une digression violente envers l'Algérie, l'accusant d'interdire à des dizaines de milliers de Marocains séquestrés dans les camps de Tindouf de rejoindre leur pays». Cette sortie du Palais royal n'a pas pour autant entamé la volonté de Mme Haidar qui, malgré le refus catégorique opposé à son retour par les autorités marocaines, elle entend rentrer chez elle quoi qu'il en coûte, vivante ou dans un cercueil.