Un jour avec, un jour sans, un jour blanc, un jour noir. C'est le caractère particulier de la vie de nombreux couples qui n'est toujours pas un fleuve tranquille, une vie commune commencée par des déclarations d'amour et conclue par des déclarations de haine aboutissant à l'impossibilité de cohabiter encore ensemble, ce qui, de plus en plus, favorise des fins malheureuses. Et le plus souvent, c'est l'infidélité ou le non-respect du partenaire qui constituent les ingrédients essentiels alimentant les altercations conjugales qui tournent parfois à des drames à la hollywoodienne, lors desquels, si ce n'est pas la strangulation, c'est une barre de fer ou à défaut un objet contondant qui fait office d'arme fatale à la portée du partenaire désireux d'éliminer son autre. Cet autre qui, à l'étape initiale, était âme sœur. Une réalité non moins amère mettant dans une situation périlleuse le devenir de la plus sacrée des unions à deux. En effet, les derniers des drames de ce genre ont eu lieu en fin de semaine écoulée à Biskra où, sur fond de beaucoup d'interrogations, une jeune enseignante à la fleur de l'âge et un sexagénaire ont été lâchement achevés par leurs conjoints. C'est à Djemorah, 35 encablures au nord du chef-lieu de la wilaya que S.N., 25 ans, enseignante dans une école primaire, racontent les riverains, a été tuée par strangulation par son mari qui a disparu après avoir accompli «sa mission», un mari qui normalement a pour mission première de lui assurer la sécurité. La victime a perdu la vie sous les mains fortes de son tortionnaire, B. S., né en 1976, douanier, lequel n'a pas pu se maîtriser et contrôler sa colère démesurée lors d'un simple conflit l'ayant opposé à la défunte. Et comme dans chaque crime, les services de sécurité accompagnés de ceux de la protection civile ont fait leur devoir, le corps de la malheureuse a été transporté vers la morgue de l'hôpital Bachir Benacer de Biskra pour autopsie, pour les besoins de l'enquête judiciaire immédiatement diligentée afin de d'élucider cette affaire qui a mis en émoi la population. On raconte que le couple vivait depuis un certain temps des querelles interminables ayant entraîné une séparation pour quelques mois. Une situation conflictuelle ayant mené aux couloirs de la justice où le mari avait obtenu gain de cause. La victime qui réclamait incessamment le divorce a, à contrecœur, regagné le foyer conjugal. Un laps de temps après, les voisins l'ont retrouvée inerte dans son lit, froidement assassinée par le père de sa fillette de trois ans (premiers pas au préscolaire) lequel n'a pas réfléchi aux conséquences fâcheuses de son geste. Ce drame survenu à Djemorah jeudi dernier n'est pas le premier de son genre. La population garde encore en mémoire l'histoire douloureuse de H. L. qui a, dans un crime passionnel, mis fin aux jours de son épouse et s'est par la suite donné la mort en se tirant une balle dans la tête. Par ailleurs, à la Fontaine des gazelles, à une trentaine de kilomètres au nord, toujours jeudi dernier, un homme d'une soixantaine d'années a succombé à l'hôpital des suites de graves blessures au niveau de la tête. Son épouse N. Ch., selon la version des autochtones, lui a asséné de violents coups à l'aide d'une barre de fer. L'enquête est toujours en cours pour élucider avec précision les tenants et aboutissants de ce crime. Ces deux faits divers et bien d'autres survenus dans la région portent à affirmer que les «épousicides» qui ne cessent de miner la liaison sacrée, signe de transformation de la société, commencent à prendre de l'ampleur et risquent de devenir un phénomène de société. Faut-il conclure qu'aucune région du pays ne se trouve épargnée de ce type de crimes dont la seule raison demeure la perte conjoncturelle de la raison, comme ce fut dans le cas à El Bayadh, où un homme n'a pas hésité à assassiner son épouse avec des coups de pioche à la tête, après l'avoir prise en flagrant délit d'adultère avec l'une de ses connaissances, ou encore l'autre de Béchar qui s'était servi d'un couteau pour égorger sa femme. Un autre de Sétif, pris de colère, a éliminé son épouse au moment même de son accouchement. Moins d'un mois après, une maman de cinq enfants sera descendue dans la même région. A Constantine, ramadhan dernier, un père de quatre enfants met fin à la vie de sa femme et se donnera la mort en ingurgitant de l'acide. A l'ouest du pays, une divorcée fut abattue dans la rue par son ex-mari pour une vieille histoire inhérente à la garde des enfants, et enfin, quoiqu'il ne soit pas parfois bon de le rappeler, cette épouse qui a sordidement achevé et enterré son époux à l'intérieur même de la demeure conjugale.