Le personnel hospitalier n'est pas satisfait par le peu de moyens déployés pour faire face à la grippe A, à commencer par la distribution des masques protecteurs. C'est ce qu'ont affirmé des employés des CHU d'Alger. Les masques qui protègent de la grippe A sont rares et sont distribués uniquement au sein des services les plus touchés, à savoir le service de pneumologie, d'urgence et celui d'infectiologie. Un tour dans quelques hôpitaux de la capitale et ses alentours nous a confirmé ce manque de masques. A l'hôpital de Beni Messous, Ben Aknoun, Mustapha Pacha ou encore à celui de Bab El oued, les masques ne sont pas portés par tout le personnel, encore moins par les agents de l'hygiène. Une femme de ménage au service de chirurgie générale à l'hôpital Maillot de Bab El Oued n'a pas caché son appréhension quant au risque de contamination. A-t-on «lésé» cette catégorie d'employés ? Il semble que ce ne soit pas le cas. Une technicienne supérieure de la santé du même service nous a expliqué que peu d'employés ont en leur possession des masques protecteurs. «Ce sont les médecins et les infirmiers des services de pneumologie et d'urgence qui portent obligatoirement des masques», a-t-elle expliqué, précisant que les autres, ceux qui travaillent dans d'autres services, sont obligés de se procurer ces masques des services cités. «Ce qui a irrité le directeur général de l'hôpital qui a reproché à son personnel de susciter un mouvement de panique au sein de l'hôpital, jugeant la situation "non alarmante"», a souligné notre interlocutrice. Selon une autre source qui a voulu garder l'anonymat, des médecins ont été contraints de «se procurer» des congés de maladie par crainte d'une éventuelle contamination et par réaction à une mauvaise prise en charge du personnel médical. Ce qui est légitime, selon notre source. Trois médecins atteints au CHU de Bab El Oued C'est ce que nous a affirmé notre technicienne de la santé. «Faut-il qu'il y ait un nombre plus élevé pour qu'on prenne plus au sérieux cette situation ?», s'est-elle indignée, ajoutant que faute de masques spéciaux, le personnel du service de chirurgie utilise les bavettes, des masques conçus pour les chirurgiens. Mais qu'en est-il des services qui ne disposent pas de ces bavettes ? Hind B., une étudiante en médecine qui a suivi un stage dans les deux hôpitaux de Beni Messous et de Mustapha Pacha, a abondé dans ce sens, nous faisant savoir que les masques sont portés par le personnel exerçant dans les trois services cités (pneumologie, urgences et infectiologie). En tant «qu'étudiante externe», elle a précisé qu'à Beni Messous, lors de son stage en pneumologie, on leur a distribué des masques ainsi qu'aux autres employés, sans exception. A l'hôpital Mustapha Pacha, par contre, où elle a passé un stage en cardiologie, les masques n'étaient pas exigés. Cependant, notre interlocutrice ne semble pas se plaindre ou s'inquiéter outre mesure. «Les services concernés par la grippe, il est clair, redoublent de précautions», a-t-elle souligné. Ce qui ne veut nullement dire que les autres services sont moins vigilants, selon notre futur médecin qui a cité, à titre d'exemple, le fait qu'on interdise à tous les étudiants en médecine d'accéder aux services de pneumologie et d'infectiologie, hormis ceux qui passent leur stage dans les services en question. Effectivement, on nous a refusé l'accès à tous ces services lors de notre petite virée du côté des CHU d'Alger et de ses environs. La situation n'est pas différente à l'intérieur du pays Le problème du manque de masques pour le personnel médical ne touche pas que les institutions du centre et de ses alentours. Il a même suscité, il y a deux jours de cela, un mouvement de protestation du personnel de l'hôpital Ben Flis de Batna, selon un médecin exerçant à son propre compte à Alger. Médecins, infirmiers, techniciens et autres employés faisant partie de ce corps se sont rassemblés devant l'hôpital, revendiquant le droit d'avoir un nombre suffisant de masques à leur disposition, d'autant que le nombre de personnes atteintes est en train de croître semaine après semaine, selon notre source. Qu'en est-il des cliniques privées ? Les masques qui protègent contre la grippe A sont toutefois disponibles au niveau des cliniques privées. Lors d'une rencontre avec une gynécologue exerçant à la clinique Saâda, située à El Madania, nous avons pu avoir cette information concernant la distribution des masques. Notre médecin ne s'est pas plaint du dispositif réservé au personnel médical, notamment la distribution des masques. «On distribue un petit pack de masques à tout le personnel – médical ou non – qui fait partie de la clinique depuis le début de la propagation du virus», a-t-elle déclaré, ajoutant que la distribution se fait au fur et à mesure, du moment que ceux-ci sont jetables. De telles révélations nous laissent perplexes, surtout quand on voit une lycéenne, dont le père est pharmacien, revendre des masques à des prix plus élevés dans le lycée qu'elle fréquente. Sans commentaire.