Après les expositions «Du bois dont on se chauffe» et «Une affaire de famille», «La soupe des renards» constitue le triptyque aveyronnais du photo-graphiste Pascal Cobrat qui se tient du 3 décembre au 28 janvier au Centre culturel français. Ce sont de magnifiques photographies souvent inaccoutumées et absconses qui relatent sa vision des choses et de la vie. L'artiste se départit de toute espèce de trafic des images et n'emploie pas de moyens de Photoshop. Techniquement, l'image est exempte de trucage numérique, et chaque photo a demandé le déploiement d'une énergie particulière de fabrication. Pascal Cobrat utilise comme support à ses œuvres des affiches et fait une incursion dans la vie intime et personnelle familiale. «Je pousse l'enquête familiale jusqu'à ses limites les moins fréquentables», dit-il. Ces belles affiches renseignent sur ses messages durement déchiffrables comme cet arbre généalogique d'une forêt touffue, ou cette voiture accidentée avec une femme indemne en compagnie d'une pintade ou ces valises prêtes conçues en bois. Ces photos insolites comme cette nonne dans une église intitulée la sœur Lulu tout en noir ou cette femme qui piétine des néons, ou cette femme encadrée de sacs accrochés. Ces photos interpellent par leur sens souvent peu commun. Ce couteau dégoulinant de sang sur un bosquet, ce crash en rase campagne, ce poteau électrique, autant de thématiques diverses qui dénotent un sens aiguisé de l'observation et de la dérision. Dans ses photos, l'artiste ne triche pas, il prévoit, organise et conçoit toute une histoire par le biais d'une simple image. Voyageur et photographe C'est ce qui leur donne force et vigueur. Hors des sentiers battus, ce photo-graphiste utilise une technique propre et s'inscrit dans un engagement total souvent pour des causes justes. Cet artiste diplômé des Beaux-Arts de Paris a exposé à maintes reprises notamment au centre Georges Pompidou en 2002 en dénonçant le drame de l'après-Tchernobyl. De ses voyages aux Caraïbes en 2005, il revient avec des images sur l'enfermement et l'esclavagisme, et au Liban il réalise un ouvrage sur la guerre intitulé 4 jours à Beyrouth. Comme autres projets, il réalise une campagne pour l'ONG Childsafe Network, et en 2008 il part en République démocratique du Congo. Cette exposition d'une grande sagacité et ingéniosité mérite le détour.