Silvio Berlusconi qui voit sa cote de popularité grimper grâce à une statuette qu'un déséquilibré mental lui a lancée au visage à la fin d'un meeting à Milan, l'Egypte qui va demander officiellement la restitution à un musée allemand le buste de la reine Nefertiti… Désormais, la chose ancienne (copie ou pas) n'est plus l'affaire d'une poignée de collectionneurs anonymes. Surtout quand il s'agit de retrouver l'inscription «Arbeit macht frei» de l'ancien camp nazi d'Auschwitz. Commis le 18 décembre, le vol de l'inscription en question a provoqué l'indignation de tout le peuple juif qui, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, se bat pour prouver l'existence de l'holocauste. Le gouvernement de Tel-Aviv a exigé sans ménagements de la Pologne qu'elle retourne ciel et terre pour que soit récupéré le frontispice en fer de l'ancien camp d'extermination. Vous le pensez bien, Israël n'allait pas tout de même offrir un tel cadeau aux négationnistes, à leur tête le président iranien. Varsovie a même dû demander l'aide d'Interpol pour boucler l'enquête en un temps record. C'est chose faite, l'objet du «délit de l'histoire» a été retrouvé bien qu'il ait été découpé en trois morceaux. Même dans cet état-là, il a dû procurer réconfort chez les autorités israéliennes. Eh bien non. Puisque sont nombreuses les raisons pour lesquelles elles n'ont pas décrété ce 20 décembre journée de la mémoire collective retrouvée. En voici quelques-unes : l'administration de Tel-Aviv vient d'être accusée par l'ancien chef du principal institut médico-légal israélien d'avoir prélevé des organes de victimes palestiniennes sans l'accord de leurs familles. La Suède, en froid avec l'Etat hébreu à cause de cet autre crime contre les cadavres, peut féliciter un reporter de sa presse nationale qui a tapé en plein dans le mille. Ce, en attendant qu'un jour justice soit rendue en ce qui concerne les crimes de guerre durant l'invasion de Ghaza. Si ce n'était qu'une histoire de prélèvement d'organes, l'Etat hébreu aurait toujours pu solliciter le veto US pour se dérober devant ses responsabilités pénales. Mais comme cette grave atteinte à la dignité des morts n'a pas habitude à arriver seule en Israël, ses autorités vont devoir se soumettre au pire qui ne saurait tarder. Faire respecter l'ordre par l'usage de drones et de forces spéciales contre les colons qui ne prendront pas en compte le gel des constructions dans les colonies ? S'adapter à la nouvelle équation régionale après que le Libanais Saâd El Hariri et le Syrien Bachar El Assad aient réussi ensemble à tourner la page ? Bien que ces deux donnes gâchent fortement la joie des Israéliens à remettre l'inscription «Arbeit macht frei» à sa place, il y en a particulièrement une qui a fini par mettre la croix de David en berne. Elle vient d'être fournie par le Vatican où le Pape Benoît XVI a relancé la polémique sur la béatification du défunt pontife Pie XII qui fut chef de l'église durant la Seconde guerre mondiale. L'Etat hébreu le tient en horreur pour sa présumée passivité concernant la Shoah et ne demande qu'à le prouver par l'ouverture des archives du Vatican. L'Allemand Ratzinger, qui a signé de son poignet guéri le décret déclarant «vénérable» Pie XII, accédera-t-il à cette demande de Tel-Aviv ? Par le biais de sa décision pontificale, marchera-t-il sur les traces de son prédécesseur Jean-Paul II qui lui aussi était entré en «conflit» avec Ariel Sharon dont les organes ne seront jamais prélevés, conformément à la tradition hébraïque ? Sûrement pas inopportune, l'attitude «provocatrice» du Vatican trouverait de nombreux fidèles sur le vieux continent chrétien où souffle, depuis peu, le vent de la reconnaissance unilatérale de l'Etat palestinien. Du moins, celui de sa création.