Les résultats d'une étude menée par des chercheurs américains et éditée lundi dernier par la revue Nature ont montré que l'identification de protéines humaines nécessaires à la multiplication du virus de la grippe A/H1N1, une fois introduit dans l'organisme, pourrait déboucher sur la mise au point de nouveaux antiviraux. L'équipe de Sumit Chanda (Burnham Institute for Medical Research, La Jolla, Californie) a utilisé de petites molécules appelées ARNi (ARN interférent) afin de repérer les protéines présentes dans les cellules du poumon, dont a besoin le virus pour se reproduire dans l'organisme contaminé. Ces molécules sont capables d'agir sur la machinerie cellulaire et de bloquer spécifiquement la production de telle ou telle protéine. Le parcours du virus consiste d'abord à pénétrer dans la cellule, puis à s'y reproduire et ensuite en sortir pour se répandre ailleurs. Le matériel génétique du virus grippal est formé d'un simple brin d'ARN pour un nombre limité de protéines. Aussi a-t-il besoin de détourner la machinerie cellulaire de l'hôte infecté et sa riche palette de protéines pour assurer son cycle de vie. Les chercheurs sont parvenus à identifier 295 protéines humaines utiles à la multiplication du virus grippal, en éteignant un à un les gènes de cellules de l'appareil respiratoire. Selon les chercheurs, douze de ces facteurs sont nécessaires à la croissance du virus pandémique H1N1 actuel. Par ailleurs, ils espèrent contribuer à l'identification des cibles pour de nouveaux médicaments antiviraux dirigés contre plusieurs souches virales. Cibler des éléments de l'organisme humain contaminé pourrait aider à combattre les problèmes de résistance qui rendent inefficaces les médicaments, comme c'est déjà le cas pour deux vieux antigrippaux, l'amantadine et la rimantadine. Mais avant de pouvoir disposer d'un nouveau traitement, des tests devront prouver l'innocuité des petites molécules candidates.