Un enfant autiste traité par thérapie comportementale dès l'âge de 18 mois et pendant deux ans voit ses symptômes s'améliorer de manière considérable, selon une nouvelle étude américaine qui vient conforter les tenants d'une prise en charge précoce de l'autisme. L'étude était limitée, n'incluant que 48 enfants évalués à l'université de Washington, mais ses résultats ont été si encourageants qu'elle a été étendue à d'autres sites, a souligné Geraldine Dawson, responsable scientifique de l'association Autism Speaks et ancienne enseignante à l'université de l'Etat de Washington, qui conduit l'équipe de recherche. Jusque-là, le traitement précoce de l'autisme retenait l'attention des spécialistes tout en restant controversé, faute de preuves réelles de son efficacité. Cette étude est donc «une étape très importante», s'est félicité Tony Charman, spécialiste des méthodes éducatives pour l'autisme à l'Institut de l'Education de Londres. Les spécialistes s'accordent de plus en plus sur l'importance d'un diagnostic le plus précoce de l'autisme. Et cette étude montre que la précocité est rentable dès lors qu'elle s'accompagne d'un traitement également précoce, estime Laura Schreibman, spécialiste de l'autisme à l'université de Californie à San Diego. Des enfants âgés de 18 à 30 mois ont été désignés au hasard, certaines suivant un traitement comportemental particulier, d'autres suivant des traitements moins approfondis. La thérapie choisie, le modèle Early Start Denver, est très proche d'autres formes de traitement comportemental de l'autisme. Elle est axée sur les interactions sociales et la communication, deux domaines particulièrement difficiles pour nombre d'enfants autistes. Par exemple, thérapeutes et parents vont de façon répétée tenir un jouet près du visage d'un enfant pour l'encourager au contact visuel, dont l'absence est fréquente dans l'autisme. Ou bien ils vont récompenser un enfant qui utilise des mots pour réclamer un jouet. Dans le groupe spécialisé, les enfants avaient quatre heures de traitement avec un thérapeute cinq jours par semaine, sans compter les cinq heures hebdomadaires données par les parents eux-mêmes. Au bout de deux ans, le QI des enfants a progressé de près de 18 points en moyenne dans le groupe spécialisé, contre sept points dans les autres groupes. Le langage s'est aussi amélioré davantage dans le groupe spécialisé. Après ces deux ans, près de 30% des enfants autistes de ce groupe ont été à nouveau diagnostiqués avec une forme un peu moins sévère d'autisme, contre 5% des autres. Aucun n'était considéré «guéri». Ashton Faller a commencé le traitement spécialisé alors qu'il n'avait que deux ans. «Il n'avait acquis aucune forme de langage verbal, n'avait aucun contact visuel et était très renfermé», se souvient sa mère, Lisa. En deux ans, Ashton a fait des progrès «surprenants», dit-elle. A près de six ans aujourd'hui, il est scolarisé en maternelle, et bien qu'il continue à avoir de légers retards, notamment dans le domaine relationnel, les gens ont du mal à croire qu'il est autiste.