Les mesures de sécurité pourtant draconiennes appliquées dans les aéroports internationaux depuis les attentats du 11 septembre 2001 sont-elles obsolètes aujourd'hui ? C'est en tout cas ce que laissent entendre les autorités sécuritaires américaines après l'attentat manqué à bord du vol Amsterdam-Detroit. Les Etats-Unis visent particulièrement les pays de l'UE qu'ils accusent indirectement de manquer de vigilance et dont ils considèrent le système de sécurité au niveau de leurs aéroports défaillant. Le président Obama s'en est inquiété en personne en s'interrogeant sur le fait qu'un individu transportant de la penthrite puisse monter aisément dans un avion à Amsterdam, de surcroît sur un vol à destination de l'Amérique. La cause est entendue : désormais, les contrôles seront plus sévères, et le système des listes, qui permet aux américains d'interdire de vol certains individus, sera probablement revu. Dans la foulée, c'est toute la procédure d'octroi des visas qui risque de connaître des modifications. Janet Napolitano, la ministre de la Sécurité intérieure, a suggéré cette dernière mesure en faisant constater que les Etats-Unis ont également failli dans la gestion de la sécurité du moment qu'ils avaient accordé un visa à une personne qu'ils savaient déjà suspecte. La réaction européenne ne s'est pas fait attendre. Prenant acte des remontrances américaines, la France a décidé de renforcer les mesures de sécurité à l'embarquement sur les vols intérieurs et à destination de l'étranger, l'Europe et l'Amérique en particulier. Le ministre français de l'Intérieur qui souhaite que ces mesures soient appliquées dans l'ensemble de l'Union européenne a insisté particulièrement sur le contrôle accru de l'identité des passagers, imitant en cela les Etats-Unis qui exigent la transmission des listes des passagers dès la réservation et non pas à l'embarquement, comme c'est le cas en France et dans d'autres pays de l'UE. L'Algérie parmi les pays à risque Le quotidien Le Figaro qui rapporte l'information indique par ailleurs que Brice Hortefeux a décidé qu'à compter du 1er janvier 2010, les compagnies aériennes qui «négligent ou refusent de transmettre à l'avance la liste de leurs passagers seront systématiquement verbalisées par la police aux frontières». Cette amende de l'ordre de 50 000 euros, relève Le Figaro, est une disposition déjà en vigueur qui figure dans le cadre de l'expérimentation de mesures antiterroristes adoptées en 2006, mais qui n'avaient jamais été appliquées. Les pays concernés par cette mesure exceptionnelle sont le Yémen, la Syrie, le Pakistan, l'Iran et l'Afghanistan. L'expérience qui devait durer deux ans a été prorogée en janvier dernier et étendue depuis le 19 février dernier à l'Algérie et au Mali. Le ministre français de l'Intérieur compte élargir la liste à d'autres pays en s'inspirant d'une liste définie par l'Unité de coordination et de lutte antiterroriste (Uclat). De ce fait, ce sont trente pays dont les compagnies aériennes seront contraintes de livrer les informations sur les personnes voyageant dans leurs avions à destination de la France. Contactés à ce sujet, les services d'Air Algérie expliquent que les mesures de contrôle au niveau des aéroports algériens sont citées en exemple à travers le monde. Que ce soit pour les vols domestiques ou internationaux, ces mesures s'appliquent avec rigueur. «De toute façon, les mesures de sécurité appliquées dans les aéroports algériens ont prouvé leur efficacité, bien qu'elles soient antérieures aux dispositifs internationaux mis en place après les attentats meurtriers du 11 septembre», nous précise un cadre qui a requis l'anonymat. «Nous n'avons rien à craindre à ce sujet», a-t-il ajouté. Le Canada aussi Le ministère canadien des transports a également réagi en décidant d'une série de mesures transitoires mais qui risquent, cependant, d'être définitivement adoptées dans les aéroports de ce pays frontalier des Etas-Unis. Ainsi, il est désormais interdit aux passagers embarquant au Canada sur des vols à destination des Etats-Unis d'emporter des bagages en cabine. Ils devront se limiter à un seul petit sac ou objet. Seuls sont permis les médicaments, appareils médicaux, petits sacs à main, appareils photos, manteaux, articles pour les soins des bébés, ordinateurs portables, béquilles, cannes, déambulateurs et trousses contenant des articles servant au maintien de la vie. Il est aussi autorisé d'avoir avec soi un article pour besoins spéciaux, un instrument de musique, une valise diplomatique ou consulaire. L'administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA) à fait appel aux agents de la Gendarmerie Royale et à des services de police locaux pour l'aider à appliquer certaines procédures spécifiques du processus de contrôle. Le ministère a averti que les passagers et leurs bagages de cabine seront soumis à des fouilles additionnelles et, comme des retards sont à prévoir, invité les voyageurs à se présenter à l'aéroport trois heures avant leur vol. Les scanners corporels à la rescousse Bien que controversée par les puritains, l'utilisation des scanners corporels pourrait se généraliser à travers les aéroports internationaux. Les experts soulignent en effet qu'un contrôle à l'embarquement avec ce type de machine aurait permis de détecter la substance explosive trouvée sur le terroriste nigérian. Se mettant de la partie, le ministre britannique de l'Intérieur, Alan Johnson, a indiqué hier qu'il envisageait d'installer «aussi rapidement que possible» des scanners corporels dans les aéroports du Royaume-Uni. Pour rappel, aux Etats-Unis, ces scanners sont déjà à l'œuvre dans 19 aéroports, mais aussi dans une poignée de palais de justice ou de prisons, selon l'autorité américaine des transports (TSA). Le coût de ces équipements très performant reste cependant très élevé. L'unité coûte environ 1 million de dollars alors qu'un appareil à rayon X ne fait que 50 000 dollars.