La campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1 a bel et bien commencé jeudi dernier, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle suscite des réticences parmi même le personnel de la santé. La durée exagérée consacrée aux analyses des premiers lots de vaccins importés et les spéculations ayant entouré cette opération ont contribué à créer une situation de crise de confiance par rapport à la conformité du produit acquis auprès de GlaxoSmithKline (GSK), deuxième laboratoire pharmaceutique mondial. La campagne de sensibilisation menée tambour-battant par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (MSPR) pour mettre en vigueur l'importance de la vaccination contre le virus A qui a causé la mort de 47 personnes parmi les 746 cas confirmés au dernier bilan rendu public, hier par le MSPR, n'a finalement pas eu l'écho espéré. Et malgré la dernière initiative prise par le ministre du secteur, Saïd Barkat de se faire vacciner publiquement et en premier, la majorité des médecins, puisque la campagne ne concerne que cette corporation en ce moment, refuse de se faire vacciner. Dans une virée effectuée au niveau des hôpitaux de la capitale, nous avons eu le témoignage de plusieurs médecins de la santé publique qui, effectivement, ont refusé de se faire vacciner. Ils affichent leur méfiance aux effets indésirables que peut développer le produit. Les raisons de la crise Comme l'a précisé le ministère de Barkat, les analyses du vaccin contre la grippe A par des laboratoires nationaux sont un processus obligatoire avant chaque vaccination épidémiologique, certes, mais le hic, c'est que ces analyses ont pris une durée inhabituelle, soit une période de 21 jours. Celle-ci est jugée excessive pour des vaccins fabriqués par un laboratoire de renom (GSK), certifié par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et déjà utilisé dans plusieurs pays, notamment la France, le Canada et la Grande-Bretagne. Les déclarations contradictoires des uns et des autres, ainsi que les analyses développées par les médias ont également contribué à semer le doute. La publication des informations aléatoires sur la conformité du vaccin sont en effet à l'origine de la polémique soulevée, notamment l'information relative au test effectué sur des souris qui seraient mortes suite à l'opération de vaccination. La lenteur du processus de l'opération de prise en charge par l'Institut Pasteur, le Laboratoire de toxicologie d'Alger et le Laboratoire de contrôle des produits pharmaceutiques a suscité la méfiance et l'incertitude sur l'efficacité de ce vaccin. Des experts dans le secteur affirment qu'il s'agit tout simplement d'incompétence de la part des services de l'institut pasteur, qui ne se sont pas préparés à faire face à de telles situations. Ces derniers auraient perdu beaucoup de temps à cause de leur «manque d'expérience», avant de décider de faire appel à un laboratoire de contrôle pharmaceutique indépendant français AFSAS, pour des analyses en la matière. Et selon des sources bien informées, c'est AFSAS qui a finalement délivré le certificat de conformité du produit en question, suite à quoi le coup d'envoi de la campagne de vaccination a été donné. Le retard pris dans le contrôle des lots de vaccins réceptionné est ainsi à l'origine de toute une polémique. Le PDG de GlaxoSmithKlin à Alger L'évolution de la situation concernant les analyses du vaccin n'a pas laissé indifférent le PDG de l'entreprise pharmaceutique britannico-américaine qui s'est déplacé personnellement à Alger afin de rassurer les autorités sur l'efficacité du vaccin, utilisé dans plusieurs pays et qui ne représente aucun danger sur la santé publique. Il y a lieu de rappeler que le ministère de la santé a passé la commande de 20 millions de doses de vaccin auprès du même laboratoire. Un lot qui arrivera, selon Barkat, progressivement. L'Algérie a réceptionné jusqu'à aujourd'hui plus de 1,3 million de doses de vaccins.