En dépit de l'aisance financière et le niveau de l'endettement extérieur, moins de 500 millions de dollars, le dinar demeure faible par rapport aux monnaies de la région, notamment arabes. Des experts et spécialistes économiques expliquent que l'appréciation de la monnaie nationale reste tributaire, entre autres, de la productivité et des exportations hors hydrocarbures. Les besoins en devises, notamment à la veille de cette compétition africaine du football, a rappelé à plus d'un que le dinar algérien n'est pas encore dans une position confortable, et ce, en dépit des indicateurs financiers extérieurs et internes plus que favorables. Une dette extérieure à moins de 500 millions de dollars, des avoirs à l'étranger de près 150 milliards de dollars, des rentrées de près de 45 milliards de dollars cette année, point de déficit commercial et une facture d'importation alimentaire et de médicaments en chute, autant de facteurs plaidant pour un pouvoir d'achat d'un algérien digne des années 70. Le seul handicap est celui des importations en biens d'équipements se chiffrant à plus de 30 milliards de dollars en 2009. Et là les experts appellent l'Etat à intervenir pour réduire ce montant afin de perpétuer l'excédent commercial réalisé ces dernières années. S'agissant de la situation du dinar, les interrogations sont nombreuses. Comment se fait-il que le taux de parité du dinar avec les monnaies étrangères, notamment les plus fortes dont on peut citer l'euro et le dollar, ne cesse d'évoluer aux dépens du pouvoir d'achat de l'Algérie ? Quelle est réellement la politique de change adoptée par la Banque d'Algérie ? Des questions que nous avons posées à certains experts et économistes algériens. L'économiste Bouras Djoudi, directeur des études économiques au Conseil national économique et social, nous a fourni une analyse réaliste sur la situation du dinar algérien. Les indicateurs économiques Selon lui, la valeur du dinar n'a pas forcément une relation implicite et directe avec la situation financière du pays, qui a connu une amélioration extraordinaire ces dernières années. «Il existe une déconnexion entre la valeur du dinar et la sphère financière du pays. La valeur de la monnaie nationale est déterminée par rapport au pouvoir d'achat à l'interne et à l'international. Cela ne veut pas dire aussi que lorsque la situation financière du pays se dégrade, elle va entraîner celle du dinar. La valeur d'une monnaie se détériore lorsque l'autorité décide d'une dévaluation», a tenu à expliquer l'économiste, tout en ajoutant que «la valeur du dinar est indexée au système des prix nationaux et internationaux». Une politique de change prudente L'Algérie a opté, soutient-il, pour une politique de change déterminée par rapport à un panier de devises. Une véritable pondération de monnaie qui fixe la valeur du dinar. La situation du billet algérien est réelle et elle n'est pas fictive, en ce sens que le spécialiste du CNES observe que le taux de change officiel est réel depuis plus de quatre ans. Une affirmation qui a été confortée par un rapport de la Banque mondiale sur la situation financière de l'Algérie, où les autorités ont été saluées à la valeur réelle du dinar par rapport aux monnaies internationales. Est-ce que le dinar est appelé à s'améliorer de manière à permettre au citoyen d'avoir un pouvoir d'achat appréciable, comparable à certains pays arabes exportateurs d'énergie et de matières premières ? Un responsable dans le secteur bancaire et monétaire qui a requis l'anonymat a souligné à ce propos que l'Algérie a réussi à stabiliser le dinar et à minimiser les fluctuations d'autant. Il faut tenir compte également, selon notre source, des évolutions des salaires, des taux de l'inflation. L'Algérie a choisi une politique de change prudente en optant pour un panier de devises jugé d'importance stratégique pour le pays, en fonction du volume des échanges commerciaux des pays partenaires. Le risque de change est de plus en plus réduit avec cette politique aussi bien pour les importateurs que pour les exportateurs. Ce qui a permis aux acteurs économiques d'assurer le contrôle de leur activité. Cet avis est soutenu par l'économiste Bouras Djoudi, qui avoue que la convertibilité du dinar s'opère aujourd'hui sous les comptes courants de la balance des paiements. Quant à la convertibilité du dinar en compte capital, elle n'est pas atteinte. «Les spéculations risquent de conduire à des transferts massifs de devises. Et là nous avons besoin de ces monnaies, d'où là protection de la convertibilité.» Pour permettre l'amélioration de la monnaie nationale, les experts insistent sur le développement économique du pays hors hydrocarbures.