Le cœur de l'Angola va s'arrêter de battre cet après-midi. Le temps d'une rencontre de football vers laquelle tout un peuple va tourner son attention. Les Antilopes noires d'Angola vont défier les Aigles du Mali pour le compte du match inaugural de la phase finale de la CAN 2010 dont les Angolais espèrent voir les premières nommées s'imposer, même si dans les conditions de la nature un Aigle est plus fort qu'une Antilope, connue pour être un des animaux les plus rapides sur terre. Mais il nous étonnerait fort que les Antilopes dont il est question soient tellement effrayées pour détaler et s'enfuir. Elles ont pour elles une force de caractère et un avantage non négligeable, celui de jouer chez elles devant leur propre public. Les Palancas negras d'Angola savent donc ce qui les attend cet après-midi, eux qui sont dans l'obligation de répondre au vœu de leurs milliers de supporters qui ne jurent que par la victoire. Des résultats mitigés C'est en fait un scénario connu, celui qui consiste à mettre la pression sur l'équipe du pays organisateur en qui on voit le favori logique de la compétition. Mais il se trouve que ce favori-là est dans une situation guère confortable, quand on sait que dans cette compétition seront engagées des sélections de la dimension de celle du Cameroun, de la Côte d'Ivoire et… du Mali qui paraissent plus fortes que celle des Angolais. Du moins sur le papier. On peut même y ajouter l'Algérie, futur mondialiste, et qui jouera dans le groupe des Palancas negras. C'est dire l'importance du challenge des joueurs angolais et de leur entraîneur, le Portugais José Manuel. Un challenge qui consistera à redorer le blason d'une équipe nationale qui a dégringolé dans la hiérarchie du football international, elle qui, en 2006, était en Allemagne en train de participer à la phase finale de la Coupe du monde. L'équipe angolaise, qui avait éliminé l'Algérie du même Mondial, ne sera pas de la fête en Afrique du Sud en juin prochain. On peut même dire que sa présence en phase finale de la CAN n'est due qu'au fait qu'elle soit la sélection du pays organisateur, ce qui lui donne le privilège d'être qualifiée d'office. Le coup a été mal ressenti du côté de Luanda où il est presque exigé des joueurs angolais de réagir et de remporter le trophée continental. Plus facile à dire qu'à faire. Ce ne sont pas ceux qui exigent qui sont sur le terrain mais bien les joueurs. Ces derniers ont donc reçu de la part de l'Etat les moyens d'une bonne préparation puisqu'ils ont vécu durant un bon mois, celui de décembre, en vase clos dans la région portugaise de l'Algarve. Là-bas, José Manuel a tenté de donner une âme à cette équipe à travers divers matches amicaux dont deux contre des équipes nationales, et le moins que l'on puisse dire est que les Palancas negras n'ont pas donné des gages d'assurance à leurs supporters à travers les résultats de ces confrontations. Voilà qui donne à réfléchir à la veille de l'ouverture de la CAN. Mais à Luanda, où on ne sent pas que le pays s'apprête à abriter le plus grand événement sportif du continent africain, les gens de la rue semblent convaincus que leur équipe nationale va réaliser des prouesses. Ceux avec qui nous avons pu discuter nous ont dit que les Palancas negras sont capables de renverser n'importe quel adversaire. C'est la foi du supporter local qui croit en son équipe et ne prévoit aucune catastrophe pour elle. Les Maliens sûrs d'eux On verra dès cet après-midi de quoi elle est capable, si tant est que dans la CAN, comme dans tout tournoi de football, le premier match peut s'avérer déterminant pour la suite des événements. Il y a que les Palancas negras tombent sur une équipe du Mali elle aussi en mission de rachat, après une désillusion occasionnée par l'échec de la qualification à la Coupe du monde. Voilà une sélection malienne qui possède dans ses rangs de véritables stars du football international, comme Seydou Keita du FC Barcelone, Mahamadou Diarra du Real Madrid, Frédéric Oumar Kanouté du FC Séville et Mohamed Lamine Sissokho de la Juventus Turin, qui n'a même pas été capable d'obtenir son ticket dans le Mondial dans un groupe composé du Ghana, du Soudan et du Bénin. Dans ce groupe, le Ghana s'est même permis de se qualifier pour la Coupe du monde très tôt (il a été le premier qualifié africain hormis l'Afrique du Sud) signe qu'il l'avait dominé de la tête et des épaules. Voilà de quoi inciter les Aigles à réagir sous la pression de leur entraîneur, le Nigérian Stephen Keshi, qui sait qu'il a une éminente mission à remplir. Ces Aigles-là semblent en tout cas déterminés à étonner les observateurs, comme nous l'a révélé Mamadou Diallo, l'ex-joueur de l'USM Alger, aujourd'hui au Havre, à savoir que dans le groupe A, «le Mali sera le favori logique en dépit des pronostics qui vont vers l'Angola et l'Algérie».