A une écrasante majorité, les Guyanais et les Martiniquais ont dit non à une plus large autonomie que leur a proposé la métropole en répondant à une question dont les termes sont aussi flous que les motivations politiques du référendum lui-même. Avec un taux de participation assez faible pour l'ampleur réel ou supposé de l'enjeu, les électeurs de ces départements français d'outre-mer ont donc préféré le statu quo institutionnel apparemment plus sécurisant que l'incertitude du changement dont les implications sur la vie quotidienne sont loin d'être clarifiées. Parce que la consultation a décidé dans la foulée des mouvements de contestation sociale, elle a pris des allures de défi autant pour le président Nicolas Sarkozy qui a quand même pris le soin d'enrober la proposition de souci de concertation que pour les leaders politiques et syndicaux acquis à plus d'autonomie et qui y voyaient donc une aubaine pour tâter la popularité de leurs idées. Mais manifestement, le niveau des salaires, le chômage et le pouvoir d'achat, ce n'est pas tout à fait la même chose que la perspective - politique celle-là - angoissante d'abandon par l'Etat de certaines aides publiques qui en rajoutera une grosse couche dans la précarité et la détresse des populations. Et les populations ont dit dans l'urne ce qu'ils ne semblaient pas dire dans les barricades : 69,80% de Guyanais et 78,90% de Martiniquais on dit non à «plus d'autonomie». Première conclusion, nette et peut-être bien un peu sévère, le divorce est semble-t-il consommé entre les citoyens de ces départements et leurs élus. En Guyane, tous les représentants de la gauche, les parlementaires et les élus des exécutifs régional et général avaient appelé à voter pour le «oui» alors qu'en Martinique, 14 maires sur les 34 communes, ainsi que les présidents du département et de la région avaient décidé de mener campagne pour le «oui». Dans un communiqué, l'Elysée dit «prendre acte de la réponse négative claire que les électeurs ont apportée à la question. Ce choix traduit l'attachement des Guyanais et des Martiniquais à un statut qui soit proche de celui des collectivités de métropole, réaffirmant ainsi le lien étroit qui les unit à la République». Ah, bon ? On pensait que la consultation était seulement dictée par «le devoir d'écoute». Voilà que le choix des électeurs guyanais se transforme en un lien plus étroit avec la République qui ne serait donc pas évident si le résultat du vote était autre. Le niveau de vie et le changement de statut, ce n'est pas la même chose pour les «Domiens». Les déclarations officielles de la métropole d'avant et d'après le référendum, non plus. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir