Les agriculteurs restent sceptiques quant à l'utilisation de l'eau épurée pour différentes raisons. Certaines restent incompréhensibles. Un volume de 400 millions m3 d'eau usée est épuré, selon le ministère des Ressources en eau, dont 50% sont destinés à l'irrigation en arboriculture et non pas dans le maraîchage. Les cultures maraîchères ne peuvent en aucun cas être irriguées avec de l'eau épurée, selon la même source. Contactés, les représentants des agriculteurs n'ont pas pu répondre, pour leur part, à cette question d'utilisation de cette ressource bien qu'environ 800 000 agriculteurs adhérents de la Chambre nationale des agriculteurs, recensés en juin 2009, sont concernés par l'utilisation de cette eau épurée pour différentes raisons. Actuellement, «cette eau est mise à la disposition des agriculteurs gratuitement, malgré le fait que le mètre cube est 5 à 6 fois plus cher que celui de l'eau potable», a indiqué hier M. Benbouaziz, chargé de la communication auprès du ministère qui a noté qu'«à l'avenir l'eau épurée sera donnée en concession et donc le mètre cube ne sera plus gratuit». De plus, les agriculteurs devront se constituer en comité irriguant pour voir accroître l'utilisation de cette eau dans leur activité, a-t-il estimé. D'ici 2014, l'Algérie table sur la mobilisation de plus de 800 millions m3/an d'eau épurée qui seront destinés à l'irrigation, un quart pour alimenter les nappes phréatiques et l'autre quart sera reversé dans la mer, a ajouté la même source. On dénombre à ce jour 101 stations d'épuration d'eaux usées à travers le territoire national, alors que l'Etat vient de réceptionner 27 autres et 64 sont en réalisation. A titre indicatif, dans la wilaya d'Alger, l'eau épurée à Réghaïa est utilisée pour l'agriculture et celle de Aïn Benian pourrait tout aussi servir à cette fin. Par ailleurs, il faut savoir que 60% des capacités hydriques vont toujours à l'agriculture et 35% seulement pour l'alimentation en eau potable (AEP) et les autres secteurs. Un volume de l'ordre de 547 millions m3 est exploité dans le secteur agricole avec l'ambition d'augmenter la surface utile en irrigué à 4 millions d'hectares. Il faut dire que l'Algérie est un pays aride et semi-aride. Elle est classée dans la catégorie des pays pauvres en ressources hydriques au regard du seuil de rareté fixé par la Banque mondiale à 1000 m3/habitant/an et plus de 90% du territoire national à prédominance d'aridité avec des potentialités en eau global de 17,2 milliards m3, dont 10,2 milliards m3 d'eaux superficielles et 7 milliards m3 dont 5 milliards m3 d'eau souterraines au Sud, les chiffres avancés récemment par le directeur de l'hydraulique agricole, Omar Bougueroua.