Risque de dégradation de la situation humanitaire à Haïti Le CICR tire la sonnette d'alarme Une semaine après le séisme qui a dévasté Haïti, la situation sanitaire dans la capitale, Port-au-Prince, est jugée catastrophique, faisant craindre des épidémies, alors que les efforts locaux et internationaux se multiplient pour surmonter «la pire crise humanitaire» de la planète depuis des décennies. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a qualifié, dans une déclaration, de «désespérée», la situation des milliers de sans-abri et déploré la lenteur de l'acheminement de l'aide internationale aux victimes du séisme. «Il y a des corps gonflés en décomposition dans les rues, un liquide jaune coule de beaucoup d'entre eux. Les mobylettes et les voitures les contournent mais personne ne regarde», selon le CICR. Outre cette situation qui fait craindre l'apparition d'épidémies, les hôpitaux sont submergés par un flux incessant de blessés dont le nombre est estimé à au moins 250 000, selon le gouvernement haïtien qui a avancé un bilan de plus de 70 000 morts et 1,5 million de sans-abri. Dans l'hôpital de campagne du quartier de Martissant, seuls quatre médecins étaient présents pour 400 patients. «L'hôpital déborde de monde et des dizaines de blessés et de malades attendent à la porte», a encore souligné le CICR, ajoutant qu'une cinquantaine de médecins expatriés sont attendus «mais pour certains, ce pourrait être trop tard». Les hôpitaux dominicains à la frontière avec Haïti sont débordés par les victimes du séisme qui ont fui la capitale Port-au-Prince par milliers. «Selon les services du coordonnateur (de l'ONU) en République dominicaine, les hôpitaux dans la région frontalière sont débordés et ont commencé à renvoyer des patients vers des hôpitaux dans d'autres villes», indique le bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha). «Il manque des fournitures médicales spécialisées, des équipements et des médecins dans ces hôpitaux.» En raison de l'afflux de convois humanitaires, la route menant à Port-au-Prince est par ailleurs «congestionnée avec une durée de voyage pouvant atteindre dix-huit heures» à partir de Saint-Domingue, selon l'Ocha. Loger les sans-abri, une urgence ! L'organisation internationale pour les migrations (OIM) veut installer un camp pouvant accueillir 100 000 personnes laissées sans abri par le séisme dévastateur en Haïti, a annoncé l'ONU hier. L'OIM a décidé avec le gouvernement «d'organiser un campement temporaire pour 100 000 personnes», a indiqué l'Ocha dans un communiqué. «Le site n'a pas encore été choisi», a précisé une porte-parole de l'OIM à Genève. L'OIM, qui coordonne la distribution de l'aide non alimentaire en Haïti, «a pour objectif que le site soit prêt en une semaine». L'Ocha estime qu'il faudra 20 000 tentes pour loger les sans-abri. L'OIM veut «dans les prochaines semaines fournir des abris d'urgence à 200 000 familles, soit jusqu'à un million de personnes». Au plan de l'aide, l'Union européenne a promis hier de consacrer 420 millions d'euros à Haïti, dont 222 millions en aide d'urgence, selon un document adopté hier par les ministres européens.