Une semaine après le tremblement apocalyptique qui a frappé Haïti, le bilan s'est alourdi, atteignant 70 000 morts et 300 000 sans-abri, alors que l'aide humanitaire peine à se mettre en place. Afin de mieux planifier la coordination des secours et de l'aide internationale, deux réunions ont eu lieu hier. Face à une situation des plus dramatiques, le gouvernement haïtien, qui a tenu sa première réunion en plein air, a décrété l'état d'urgence jusqu'à la fin du mois en cours. Un deuil national d'un mois a été décidé également. Les forces américaines qui coordonnent les opérations de sauvetage et d'aide humanitaire estiment que le nombre de morts pourrait atteindre 200 000. Pour leur part, les Nations unies estiment que 3 millions de personnes ont été touchées par le tremblement de terre. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) dit de son côté que 200 000 familles, soit jusqu'à un million de personnes, ont besoin d'un abri d'urgence. Une véritable course contre la mort est lancée par 43 équipes internationales qui sont déjà engagées sur place. Quelque 280 centres d'accueil devaient ouvrir, hier, pour tenter de répondre à la détresse des sinistrés qui manquent de tout. L'urgence est désormais d'éviter une énorme catastrophe sanitaire. Le manque d'eau potable et de sanitaires augmente le risque d'épidémies. Pour ce faire, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a envoyé à Port-au-Prince douze de ses meilleurs spécialistes en épidémiologie, en coordination de l'aide sanitaire et en gestion des personnes décédées. Mais la mobilisation internationale bute sur de sérieuses difficultés logistiques. L'aéroport est engorgé, le port a été détruit et les routes sont souvent coupées par les décombres. Le manque de carburant est de plus en plus critique et menace de provoquer une interruption des télécommunications mobiles. Le port de Port-au-Prince, détruit, pourrait rester hors d'usage pendant 60 à 90 jours, selon le Pentagone, ce qui constitue un problème majeur puisque l'essence fait cruellement défaut sur le terrain. Par ailleurs, l'Union européenne a décidé, hier à Bruxelles, d'accorder une aide à court, moyen et long termes de 337 millions d'euros, a annoncé la haute représentante pour la politique extérieure de l'UE, Mme Catherine Ashton. Sur ce montant, 30 millions d'euros, y compris la somme de 3 millions déjà annoncée par la Commission européenne, seront consacrés à l'aide humanitaire d'urgence, 107 millions aux efforts précoces pour la reconstruction de Haïti et 200 millions d'euros à l'aide à moyen et long termes, a indiqué pour sa part le commissaire en charge du développement, Karel De Gucht, lors d'une conférence de presse qu'il a animée conjointement avec Mme Ashton et le ministre des Affaires étrangères espagnol, Miguel Moratinos, à l'issue de la réunion extraordinaire du Conseil des affaires étrangères au niveau des ministres du Développement de l'UE. Par ailleurs, pour mieux cerner les besoins des Haïtiens et mieux coordonner l'aide, mercredi prochain, Karel De Gucht se rendra à Haïti et Ashton aux Etats-unis.Dans le même sens, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva est intervenu pour que les pays traduisent leur émotion devant le drame d'Haïti en aides concrètes pour la reconstruction du pays dévasté par le séisme de mardi dernier. « Le monde entier s'est ému. Maintenant il faut traduire cette émotion en aide concrète, en argent, pour que l'on puisse reconstruire Haïti », a-t-il déclaré. Son pays a débloqué 15 millions de dollars.