La ville de Leogane, à l'ouest de Port-au-Prince, a été endommagée à près de 90% par le séisme qui a ravagé Haïti, selon des secouristes de l'ONU, a indiqué hier l'organisation dont la «priorité» reste la recherche de survivants. Une équipe de recherche de l'ONU qui s'est rendue à Leogane a estimé qu'elle était «la zone la plus touchée avec 80 à 90% des bâtiments qui ont été endommagés», a expliqué la porte-parole du bureau de coordination des affaires humanitaires, Elisabeth Byrs. «Selon la police locale, entre 5000 et 10 000 personnes y ont été tuées», a-t-elle ajouté, soulignant que la majorité des corps des victimes étaient toujours coincés sous les bâtiments effondrés. Les équipes de sauveteurs se sont également rendues dans les villes de Gressier (d'une population d'environ 25 000 personnes) et de Carrefour (334 000 habitants) à l'ouest de Port-au-Prince et ont estimé qu'elles avaient toutes deux été détruites à 40 - 50%. Plus de trois jours après le tremblement de terre de magnitude 7 dont l'épicentre se trouvait à quelque 17 km de la capitale, l'ONU reste concentrée sur la recherche des survivants, a souligné Mme Byrs, faisant état d'un besoin urgent de médicaments. «Le climat favorable et les structures des bâtiments ont augmenté les chances des survivants», a-t-elle expliqué. Par ailleurs, des scientifiques n'écartent pas d'autres séismes en Haïti et insistent sur la nécessité de rebâtir Port-au-Prince, situé sur une longue ligne de faille, avec des matériaux renforcés. «Il ne faut pas reconstruire en partant du principe que le danger est passé pour Haïti», met en garde un chercheur de l'institut de géophysique de l'université d'Austin au Texas, ajoutant que «cette libération d'énergie dans la région proche de Port-au-Prince pourrait en fait avoir augmenté la pression dans les segments adjacents de la même faille». Des chercheurs travaillent déjà sur des systèmes de modélisation pour tenter de prévoir de quelle manière les changements de pression résultant du tremblement de terre ont affecté ces segments. La solidarité internationale s'amplifie L'Allemagne, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ainsi que d'autres pays ont promis des aides à Haïti. «Le séisme dévastateur à Haïti et le besoin urgent d'aide humanitaire nous rappellent que notre désir de servir et notre générosité d'esprit doivent dépasser les limites de notre communauté», a déclaré le président américain Barack Obama dans un message diffusé par la Maison-Blanche. Washington a mobilisé une aide publique humaine, matérielle et financière considérable pour Haïti. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a annoncé qu'un montant de 10 millions de dollars avait été collecté aux Etats-Unis pour aider les sinistrés du séisme. «Plus de 10 millions de dollars ont été collectés grâce à "SMS Haïti relief", une campagne de dons par SMS, destinée à aider les victimes du séisme qui a dévasté mardi l'île de Haïti», a affirmé Mme Clinton. «Cette campagne est la plus importante à laquelle ont contribué plus d'un million de donateurs», a-t-elle ajouté. Pour sa part, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, se rendra aujourd'hui à Haïti pour évaluer la situation humanitaire désastreuse dans ce pays. En recevant les membres de la mission permanente de Haïti auprès des Nations unies, M. Ban Ki-moon a annoncé qu'il se rendra dans ce pays pour se rendre compte sur place de la situation après cette catastrophe qui a fait plus de 50 000 morts, 250 000 blesssés et 1,5 million de sans-abri. Le chef de l'ONU a ajouté qu'il effectuera cette visite pour «montrer sa solidarité au peuple haïtien et au personnel onusien ainsi que pour évaluer l'effort d'assistance humanitaire et mesurer, par lui-même, le niveau du désastre» causé par le séisme. Hier, d'importantes aides humanitaires émanant de plusieurs pays ont commencé à être acheminées vers Haïti, et d'autres ont déjà été envoyées.