Tout comme à Ghardaïa, les populations de Tamanrasset, essaimées sur un quart du territoire national, troisième escale du voyage d'étude de la Protection civile, font face quasiment aux mêmes risques et font les frais de l'acharnement de la nature (crues d'oueds) et de l'inconscience des hommes devenus pour beaucoup de vrais terroristes des routes. Outre la visite des infrastructures dont a bénéficié la Protection civile, qui couvre aujourd'hui presque tout le territoire national, le voyage se veut aussi une énième occasion de constater sur le terrain «ce qui a été fait et ce qui reste à faire» dans le domaine. Si la plupart des wilayas d'Algérie sont touchées par les inondations, celle de Tamanrasset est l'une des plus exposées à la furie des eaux. Et pour cause. Pas moins de 20 oueds traversent la wilaya. Et lorsque ces derniers, souvent secs en hiver, connaissent des crues saisonnières, généralement en août et en juillet, comme nous l'explique le lieutenant colonel Azzedine Benkadour, directeur de wilaya de la Protection civile, «l'on ne peut rien faire». La prévention, la nécessité de conjuguer les efforts et les moyens de tous les secteurs demeurent pour lui la priorité pour faire face à ce genre de catastrophe. Le premier responsable du secteur a, dans cette optique, présenté un rapport devant les membres de l'APW sur le plan d'intervention contre les inondations. Sur ce plan, hormis le programme national de protection des villes contre les inondations, la direction de la Protection civile de la wilaya a pris les devants en prenant des mesures pour la gestion de ces catastrophes. Ainsi, selon M. Benkadour, la Protection civile, en collaboration avec les directions concernées par le plan d'intervention (plan orsec), a été décidé d'identifier pour chaque commune 4 sites où seront «sécurisées» les populations en cas de catastrophe. «Ces derniers sont pour l'instant des espaces qui seront dotés en conséquence de tentes et autres matériel», explique-t-il. 17 sites menacés par les crues En outre, sur la trentaine d'oueds qui traversent le territoire de la wilaya, le directeur, M. Benkadour, indiquera qu'il existe 17 plus importants oueds (Tamanrasset, Otoul, Abalsa, Tit…) qui menacent les populations. Les zones habitées constituent des zones menacées, d'où l'élaboration du plan. M. Benkadour indiquera, en outre, que 4 oueds, à savoir Otoul, Tazrouk, Souran et Tahifat, sont considérés comme des points noirs. En plus des pertes en vies humaines que causent les crues, la Protection civile a recensé comme autre danger l'isolement de la wilaya dû au routes coupées, essentiellement la RN1. «Dès qu'un BMS nous parvient, nous fermons carrément les routes menacées», explique M. Benkadour, ajoutant que la Protection civile anticipe en avertissant la population à travers les radios locales. Des campagnes de sensibilisation et de simulation continuelles sont menées pour «préparer la population à d'éventuelles catastrophes et l'informer des divers risques qu'elle encourt». «La sensibilisation de proximité est très importante», renchérit le commandant Farouk Achour, qui regrette toutefois que «la Protection civile se substitue aux autorités locales dans ce volet, alors même qu'en vertu de l'article 11 de la loi 04-20, l'Etat se doit de sensibiliser et de protéger les citoyens». Le plan détaillé élaboré par la Protection civile de Tamanrasset est destiné à relever tous les points relatifs aux inondations et comporte des recommandations quant aux moyens de lutter contre les inondations. 13 crues en 9 ans Malgré les efforts des pouvoirs publics qui ont construit des œuvres d'art, des murs de protection le long long des oueds, allant parfois jusqu'à 9000 m de longueur (Oued Tam), les dégâts occasionnés par les crues sont énormes. De 2000 à 2009, la wilaya a enregistré 13 crues ayant occasionné des dégâts matériels considérables. La plus importante est celle de 2005 qui a emporté 7 adolescents à Aïn M'guel. La Protection civile a relevé la quasi-inexistence des plaques de signalisation avertissant les automobilistes de passages d'oueds dangereux. RN1, les tronçons de la mort Ces routes devenues aujourd'hui de véritables cimetières constituent également une attention particulière pour la Protection civile. 20 unités sont implantées le long de la RN1, mais il n'en demeure pas moins que le facteur éloignement ne permet pas aux éléments de la Protection civile d'intervenir au moment opportun. La nécessité de doter la Protection civile de moyens aériens se fait sentir de plus en plus. «La région du Sud devrait bénéficier d'un hélicoptère que devra acquérir la Protection civile sous peu», signale-t-on. A Aïn M'guel, lors de notre passage, l'unité a été mise en branle par un accident signalé sur la RN1. «Il a fallu cinq heures aux agents de la protection pour arriver sur les lieux du drame. L'accident a fait 1 mort et 2 blessés», nous raconte M. Benkadour, la victime. Depuis 2006, ce «mouroir» a enregistré 67 décès. 2009 est l'année la plus meurtrière. 27 morts et 186 blessés. Le dédoublement des voies est une autre nécessité estiment à l'unisson les responsables de la Protection civile qui répondent toujours présent quand il s'agit de secourir ou de sauver des vies, mais d'autres moyens doivent être mis à leur disposition.