Deuxième escale du voyage d'étude organisé par la Protection civile, Ghardaïa. Le choix de cette wilaya n'est pas fortuit. Qui ne se souvient pas en effet des inondations du 1er octobre 2008, ayant fait 43 décès et des milliers de sinistrés, ainsi que le tout récent accident de la circulation à Menéa dont le bilan des victimes est encore une fois macabre ? Ces deux «constats» représentent le défi majeur pour la protection civile locale, qui ne ménage aucun effort, de l'avis du tout nouveau directeur, le commandant Mohammadi Brahim, qui au cours d'une séance de présentation de son secteur, l'évolution des structures de la protection civile au niveau de la wilaya, a insisté sur ces deux points ainsi que les besoins du secteur dans la wilaya. De par son relief, Ghardaïa que traversent d'ouest en est six oueds principaux (Zegrir, Boulouh, M'zab, Metlili…), qui convergent tous vers oued Mia et le bassin de Ouargla, est exposée aux inondations. Depuis 1991, pas moins de 11 inondations ont touché la vallée du M'zab, d'où l'intérêt désormais porté par les pouvoirs publics sur la protection des populations, qui construisent de plus en plus sur les berges des oueds. «80% de la population habitent aux abords des oueds», affirme M. Mohammadi. De plus, les routes nationales 1 et 49 représentent l'autre casse-tête pour les agents de la protection civile, amenés parfois à intervenir dans des conditions difficiles au regard de l'éloignement des unités, généralement implantées au nord de la wilaya, des lieux des accidents. L'implantation de ces dernières au nord de la wilaya s'explique par la concentration de la quasi-totalité de la population dans cette région. Composé d'une unité principale, 5 unités secondaires et d'un poste avancé à Hassi Lefhel, le réseau de la protection civile de la wilaya demeure insuffisant, reconnaît-on, au regard de l'étendue de Ghardaïa qui fait 450 km du nord au sud. «Nous avons demandé deux autres unités à Mansourah et Noumerat», nous fait savoir le directeur. Il s'agit pour la protection civile de couvrir de la meilleure façon qui soit le territoire de la wilaya. L'unité de Mansourah, apprend-on auprès du secrétaire général de la wilaya, est inscrite dans le cadre des PSD pour l'année 2010. «Nous prévoyons aussi de renforcer la région Sud, et une réflexion est engagée pour la création d'autres postes avancés qui assurent les premières interventions», assure encore le directeur qui pense toutefois que ceux-ci ne doivent pas être trop éloignés des unités principales, la région Sud inhabitée étant «infestée» de contrebandiers. Pour M. Medjkane, de la direction nationale de la protection civile, «il faut penser au secours aérien», car les ambulances de la protection civile mettent beaucoup de temps pour évacuer les blessés et les grands brûlés, d'où l'absolue nécessité de doter la protection civile d'un centre pour grands brûlés, estime-t-on par ailleurs. L'évacuation récente de grands brûlés jusqu'à Douéra, distante de plus de 600 km, illustre cet impératif. Nous apprenons dans la foulée qu'un projet d'acquisition de 6 hélicoptères entièrement médicalisés est lancée, et une présélection d'officiers pilotes est lancée, alors qu'une formation dans ce sens est envisagée. 12 018 interventions en 2009, des points noirs à «blanchir» Les éléments de la protection civile de Ghardaïa ont effectué 13 473 interventions au cours de l'année 2008, un chiffre plus conséquent par rapport à celui de 2009 qui est de 12 018, en raison des inondations. La protection civile a effectué 4212 interventions au cours de cette catastrophe, dont 736 opérations de sauvetage. S'agissant des accidents de la circulation, le bilan est malheureusement macabre. 319 interventions pour 59 décès en 2009 contre 277 interventions et 44 morts. Deux routes nationales traversant la wilaya (RN1 et RN49), englobent à elles seules, selon les explications fournies par les responsables de la protection civile, quelques 18 points noirs, notamment sur le tronçon El Menia - In Salah, au niveau du kilomètre 116, Ghardaïa - El Menia au kilomètre 856 ou encore Ghardaïa - Ouargla sur la RN49. Ces dangers sont surtout accentués par l'existence de virages dangereux et de dunes de sable qui surgissent à tout moment sur ces routes empruntées par des poids lourds, outre la baisse de vigilance des chauffeurs, d'où la nécessité de campagnes de sensibilisation. La protection civile de Ghardaïa, qui est intervenue à titre illustratif plus de 500 fois dans divers incendies en 2009, s'attelle à assumer son rôle dans ce sens, non seulement pour les dangers de la route mais aussi concernant les feux de palmeraie, les accidents domestiques ou «industriels» causant des dégâts énormes. «Nous effectuons des campagnes de sensibilisation continues», affirme pour sa part le commandant Achour, de la direction de l'information, chargé de la formation, pour lequel le citoyen doit désormais passer du stade de spectateur à celui d'acteur. «Nous avons un programme ambitieux de secourisme de masse», affirme-t-il. Le périple saharien avec la protection civile se poursuivra jusqu'au 21 janvier avec d'autres escales à Tamanrasset et Ouargla.