Hier à 8h45, deux puissantes déflagrations successives ont fait voler en éclats la plupart des vitres environnantes et causé de graves dommages à plusieurs appartements ; certains se sont littéralement effondrés. Les locataires de cette cité portant le nom de Chevalier (marché Lekbir) étaient plongés dans une consternation indescriptible mais n'ont pas hésité à accuser les services de Sonelgaz. Les 5 dépouilles et les 11 blessés ont été évacués vers l'hôpital Maillot à bord des ambulances de la Protection civile. Quelques minutes après l'explosion (deux selon les locataires de cette cité), une grande foule est allée instantanément au secours des blessés. Les services de la Protection civile, venus en grand nombre, se sont immédiatement attelés au déblayage des décombres au côté des citoyens volontaires. Un important dispositif de sécurité a été déployé autour du lieu du drame. Le wali délégué de Bab El Oued, le P/APC et autres responsables des autorités civiles et militaires se sont également rendus sur les lieux. Dans ce moment de grande confusion, il était très difficile de connaître l'origine du drame. A ce propos, Khfif Toufik, responsable de la sécurité au niveau de Sonelgaz, a affirmé que «l'explosion est due à une bombonne de gaz». Une déclaration que les citoyens de cette cité n'ont pas cautionnée. Ami Mustapha, un sexagénaire, ainsi que la plupart des locataires étaient en colère et ont contredit les propos du responsable de Sonelgaz en indiquant : «Cela fait plusieurs jours que nous alertons les services en question afin qu'ils viennent réparer la fuite de gaz dont l'odeur se propageait à plusieurs dizaines de mètres, en vain.» Selon un témoin résidant dans le même immeuble, «la fuite est située au 3e étage où réside une vieille femme atteinte de la maladie d'Alzheimer et qui était absente durant plusieurs jours. C'est quand un de ses parents est revenu ouvrir la porte et actionner l'interrupteur que l'explosion s'est produite». Cette version des faits a été confirmée par de multiples témoignages. Le colonel Mohamed Tighristine de la Protection civile indiquera : «Seuls les résultats de l'enquête apporteront les réponses.» Ajoutant : «Les recherches sont en cours ; et pour accélérer les recherches nous avons fait appel aux brigades cynophiles.» De son côté, le P/APC de Oued Korich, M. Missoum, a refusé de faire un quelconque commentaire se contentant de dire : «Je suis sous le choc.» Le wali délégué de Bab El Oued, Meziane Saïd, quant à lui, a promis de reloger les familles sinistrées «dans les plus brefs délais». «L'Etat n'a jamais abandonné les sinistrés», a-t-il déclaré aux journalistes et locataires. Les lamentations des populations en colère ont redoublé lorsque les corps des victimes étaient soustraits des décombres. «Il y en a d'autres sous les décombres», devaient-ils rager. Une atmosphère à la fois électrique et émotionnelle Dès notre arrivée sur les lieux, le bilan provisoire faisait état de 12 victimes dénombrées dont 9 évacuées en toute urgence. «Elles présentent des blessures quelque peu graves», devait confier en catimini un sapeur-pompier. Blottis dans les bras d'un jeune homme, une femme pleurait une des siennes décédées. Un peu plus loin, un grand nombre de femmes étaient réunies et pleuraient en se soutenant mutuellement. Une image qui ne laissa pas les observateurs insensibles. Il est 10h30 et alors que les sapeurs-pompiers et les citoyens cherchaient sous les décombres, le corps d'une femme décédée a été repéré par les chiens et vite sorti des ruines. Des officiers de la gendarmerie venaient de confirmer un bilan de 4 décès et 11 blessés. Quelques minutes plus tard, soit à 10h37, une petite fille de 5 ans est sauvée miraculeusement par les secouristes. Elle avait les yeux hagards du fait du choc qu'elle venait de subir. A 10h50, une troisième victime, une femme, a été soustraite des décombres. Elle était malheureusement décédée. Il était 11h lorsque le bilan faisait état de 4 morts et 11 blessés. Alors que notre montre affichait 12h15, le corps inerte du jeune Raouf, âgé de 18 ans, est évacué par les éléments de la Protection civile, portant le bilan à 5 décès. Son oncle Fouad, âgé de 29 ans, devait décéder quelque temps après. Pour l'heure, les secours tentent désespérément d'aller au secours d'éventuels survivants de ce drame qui a plongé la population dans l'émoi et la consternation. Les habitants en colère Il y avait forcément une négligence à l'origine de cette explosion mais les habitants de ce quartier populaire accusent les services de Sonelgaz de négligence caractérisée. «Nous sommes des centaines de personnes à avoir alerté les services en question, lesquels n'ont à aucun moment répondu à notre appel de détresse», ont fulminé en chœur les citoyens qui, pour dire le mépris dont ils font l'objet, nous ont montré les fils électriques installés avec les conduites de gaz. «C'est une cité surpeuplée qui vit dans des conditions scandaleuses, et en dépit de toutes les démarches, les autorités, notamment l'APC, n'ont jamais pris en considération nos doléances. Aujourd'hui que le drame est arrivé, elles sont sur les lieux pour faire des promesses qu'elles ne tiendront jamais», ragent-ils à l'unisson. En aparté, des jeunes, visiblement touchés par ce drame, jurent de s'en prendre aux édifices de l'APC et des autres autorités si aucune solution n'est trouvée pour les sinistrés mais également au profit de toutes les familles qui vivent dans des conditions inhumaines au sein de cette cité dont la plupart des logements sont des F2.