Le premier homme du syndicat d'ArcelorMittal a le triomphe modeste. Smaïn Kouadria, qui vient d'«arracher» de haute lutte une victoire pour ses 320 camarades de la cokerie du complexe sidérurgique dont l'avenir professionnel était menacé, ne pavoise pas. Il attribue le fait de la réhabilitation de cette unité à l'ensemble des travailleurs de l'entreprise mobilisés comme un seul homme dans cette perspective dans un mouvement de grève qui avait peu de chances d'aboutir au départ. Le syndicaliste a accepté de de se confier au «Temps d'Algérie…» M. Kouadria, pouvez-vous nous dire comment vous appréciez le dénouement heureux du conflit qui vous opposait à votre employeur et qui s'est conclu, rappelons-le, par l'acceptation du principe de rénovation de l'unité cokerie par ArcelorMittal, alors que la justice s'est prononcée pour la cessation immédiate du mouvement de grève déclenché le 12 janvier courant ? Mes camarades et moi avons toutes les raisons d'être satisfaits du résultat de notre combat. L'essentiel est que la cokerie ne soit pas fermée définitivement comme le souhaitait la direction d'ArcelorMittal. Les postes de travail des 320 charbonniers ne seront pas touchés et de plus, une unité qui n'était plus considérée comme stratégique, voire vitale, pour le complexe par ses dirigeants, sera rénovée et encore fonctionnelle pour des décennies encore. Il y a là de quoi se réjouir, n'est-ce pas ? Quant à la décision prononcée mercredi par le tribunal d'El Hadjar, nous ne pouvons que l'accepter. Nous sommes des légalistes et acceptons le verdict de la justice même si nous avons respecté à la lettre la réglementation en vigueur avant d'entamer notre débrayage. Mais le combat ne fait que commencer, d'autres chantiers non moins ardus nous attendent … Comment se fera le programme de réhabilitation des installations du complexe sidérurgique, y compris, nous le savons maintenant, de la cokerie, au vu de l'accord conclu entre ArcelorMittal et le groupe Sider à Alger lors de la réunion du conseil d'administration de l'entreprise ? La direction du complexe sidérurgique a annoncé, à l'issue d'un conseil d'administration extraordinaire mercredi à Alger, l'adoption d'un plan d'investissement (2010-2014) incluant la cokerie, contre la fermeture de laquelle les 7200 salariés de l'entreprise s'étaient mobilisés. L'entreprise est disposée, selon cet accord, à injecter 140 millions de dollars. Il a été également convenu entre les deux parties, Sider et ArcelorMittal, qu'un dossier relatif à ce plan d'investissement global doit être déposé dans les meilleurs délais auprès de l'ANDI pour pouvoir bénéficier des avantages prévus dans ce dispositif. Le groupe public s'est engagé, pour sa part, à financer à hauteur de 30% les travaux de rénovation de toutes les installations du complexe. Il s'agira maintenant de faire diligence pour la finalisation des dossiers d'expertise et de montage financier ; le syndicat sera de la partie dans la mise en place des mécanismes. Vous disiez que d'autres chantiers vous attendent. Qu'en est-il au juste ? Il y a d'abord un engagement important à prendre par tous les travailleurs dont je souligne au passage le comportement exemplaire lors des dix derniers jours pour avoir démontré leur solidarité agissante envers leurs représentants syndicaux : il s'agit de s'atteler à gagner la bataille de la production. Nous devrons retrousser les manches et faire en sorte que toutes les installations fonctionnent à leur meilleur niveau possible. Le syndicat attache la plus haute importance à la mise en œuvre des aspects socioprofessionnels déjà négociés mais qui sont encore en attente de finalisation. Nous comptons conclure un accord collectif dûment signé comprenant la revalorisation salariale des métiers clés des structures de production de soutien technique et de maintenance, la finalisation des organigrammes de l'exploitation, la codification des relations de travail entre la direction et les partenaires sociaux et l'instauration d'un commission mixte aux fins d'élaboration d'un dossier relatif aux postes comportant des pénibilités. Entretien réalisé par Mouna skander