Le Quotidien d'Oran, 17 janvier 2010 « Notre mouvement a été suivi à 100% par l'ensemble des travailleurs du complexe. Nous n'avons enregistré aucun incident et le service minimum a été assuré conformément aux dispositions prises», a lancé Smaïn Kouadria, le SG du syndicat, lors d'une conférence de presse tenue hier, au niveau du complexe d'ArcelorMittal. «Notre mouvement fait suite aux accords non respectés qui obligent les parties concernées à veiller à ce qu'aucune fermeture ni modification fondamentale de structure de production ne soit faite», a encore dit Smaïn Kouadria, en faisant état de la décision prise par la direction d'ArcelorMittal de procéder à la fermeture de la cokerie. Cet acte, qui a été le catalyseur du mouvement enclenché mardi dernier, a donné l'occasion au syndicat d'enrichir sa plate-forme de revendications par d'autres points de portée nationale qui touchent l'aspect investissement dans toute son étendue. La cokerie, a expliqué le conférencier, appuyé par un document de base, représente le premier maillon dans le processus de production de la fonte et de l'acier et permet d'alimenter les hauts-fourneaux en coke, cette matière première indispensable pour ladite installation. La cokerie emploie à elle seule quelque 320 travailleurs, aujourd'hui sans postes précis. Le secrétaire général du syndicat d'entreprise d'ArcelorMittal a conditionné la reprise du travail par un engagement officiel des parties concernées à prendre en considération la plate-forme de revendications émises. «Sans un engagement officiel écrit de la part des différents intervenants, nous poursuivrons notre grève avec un durcissement sensible qui consiste à paralyser totalement les unités de production. Nous allons continuer à chauffer le haut-fourneau n°2 pendant une semaine. Au-delà, et s'il n'y a aucune réaction, nous nous acheminerons vers sa fermeture», a lancé le SG du syndicat. Les syndicalistes annoncent encore la fermeture du complexe à tout étranger partenaire d'entreprise. Des menaces sont adressées à l'intention de la centrale syndicale. «La centrale UGTA doit clarifier sa position et si elle ne peut se déplacer au complexe, des bus transporteront des syndicalistes vers elle. Il est temps que l'UGTA se positionne par rapport à la revendication des travailleurs.» Cette déclaration de Smaïn Kouadria laisse supposer l'existence de divergence entre la centrale syndicale et le syndicat d'ArcelorMittal qui se trouve être, selon le conférencier, entre le «marteau et l'enclume». «Nous sommes contraints de procéder de la sorte, en interpellant les pouvoirs publics pour le soutien de l'entreprise à l'investissement, dans un souci de préserver l'outil de production et les emplois tel que le dicte la volonté des travailleurs», a encore indiqué le SG du syndicat en interpellant le président de la République. «Nous ne faisons confiance qu'au président de la République, que nous avons massivement en tant que travailleurs soutenu, lors de la campagne d'avril 2009. Lui seul peut mettre fin à cette crise, car elle met en péril certains de ses programmes et grands projets d'intérêt national», a souligné le SG du syndicat. «Deux bateaux ont été interceptés à Skikda contenant des quantités considérables de produits sidérurgiques non conformes». Smaïn Kouadria appelle les autorités à plus de protection des produits sidérurgiques et met en garde contre une atteinte sérieuse à la production nationale, notamment en matière de qualité et aussi de prix. Pour le syndicat d'entreprise, l'Algérie qui était classée première en matière de production d'acier est devenue la dernière. Le SG du syndicat a mis en exergue l'évolution de la demande sur le produit qui est passée dans le monde arabe de 8,8 millions de tonnes d'acier en 2001 à 17,09 millions de tonnes en 2007. Ces chiffres sont ceux de l'Union arabe du fer et de l'acier. Sur le plan national, la demande en produits sidérurgiques atteindra 5 millions de tonnes en 2010 et 11 millions de tonnes d'ici 2011. Alors qu'en 2009, il y a eu importation pour une valeur de 4 milliards de dollars. Des importations qui, selon le conférencier, ont été faites par des indus importateurs. Le mouvement de protestation s'achemine vers un durcissement sans pareil.