Des dispositions ont été prises pour que l'accès du complexe soit interdit dès ce matin à tous les travailleurs étrangers des unités d'ArcelorMittal sans distinction. “La reprise du travail sera conditionnée par un engagement officiel des pouvoirs publics et d'ArcelorMittal au lancement du plan de réhabilitation globale du complexe d'El-Hadjar, y compris la cokerie”. C'est par cette sentence, qui ne souffre d'aucune équivoque, qu'a entamé son point de presse le premier responsable du syndicat d'ArcelorMittal, hier. Ainsi, le mouvement de grève générale et illimitée observé à l'unanimité par les 7 200 travailleurs du complexe sidérurgique d'El-Hadjar, depuis mardi dernier, est appelé à se poursuivre encore longtemps. Selon celui-ci, des dispositions ont été prises pour que l'accès du complexe soit interdit dès ce matin à tous les travailleurs étrangers des unités d'ArcelorMittal sans distinction et les techniciens ont alimenté les hauts fourneaux en prévision justement d'un arrêt prolongé des équipements, alors que le service minimum assuré normalement jusqu'ici devrait être réduit à sa plus simple expression, devait-il ajouter. Une décision qui n'est pas parvenue à infléchir l'intervention tardive du P-dg du groupe Sider, lequel promettait pour sa part, jeudi, d'accompagner le plan d'investissement global visant à la réhabilitation des unités d'ArcelorMittal. Un plan conditionné par le concours financier de l'Etat algérien et qui inclurait la rénovation ou du moins la réhabilitation de la cokerie pour un montant total évalué à 350 M$. Répondant à une question relative à la position des pouvoirs sur ce point précis, Smaïn Kouadria ne mâchera pas ses mots pour dire que la déclaration verbale faite en fin de semaine par le P-dg de Sider, autant que la correspondance adressée le 14 janvier courant par le secrétaire général du ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements, M. Driss Tandjaoui, à la direction générale d'ArcelorMittal, ne sont que des tergiversations. Bien plus, il estimera, quant à lui, que le manque de visibilité sciemment entretenu autour du contrat de partenariat pour la sidérurgie d'El-Hadjar, et parallèlement pour les mines de fer de l'Ouenza et Boukhadra, depuis sa signature le 15 août 2001, n'est pas pour dénouer la situation de crise, bien au contraire. Pour étayer son propos, le secrétaire général du syndicat d'entreprise exhibera des chiffres prouvant que les pouvoirs publics n'ont pas respecté de leur côté la convention d'investissement contenue dans ledit contrat de partenariat en laissant ArcelorMittal Algérie agir à sa guise pendant ces dix longues dernières années et en ne protégeant pas suffisamment la production nationale. Ce disant, Kouadria se montrera plutôt sceptique quant à l'avenir des 7 200 travailleurs d'ArcelorMittal en Algérie. Il affirmera que des études de marché fiables réalisées par l'Union arabe du fer montrent que les besoins nationaux sont de l'ordre de 5 millions de tonnes par an, aujourd'hui, et qu'ils seront de l'ordre de 11 millions de tonnes à l'horizon 2020. Encore à ce sujet, Kouadria regrettera que malgré le fait que le complexe sidérurgique d'El-Hadjar, qui était un leader dans ce domaine à travers le monde arabe, a prouvé sa capacité à satisfaire la demande nationale en produits métallurgiques longs, nobles notamment, il a été permis à des importateurs privés espagnols, italiens, turcs d'inonder le marché avec des produits de bien moindre qualité. “Cette attitude passive coûte à notre pays la perte de quelque 4 millions de dollars qui sont engrangés sans vergogne par la mafia politico-financière en relation avec le lobby de l'acier”, martèlera le syndicaliste. Kouadria se félicitera de l'appui de la Centrale syndicale UGTA dans sa démarche et soulignera au passage le témoignage de solidarité agissante exprimé récemment par le syndicat des métalos du Québec à l'intention des travailleurs d'El-Hadjar en grève. En appelant à l'intervention personnelle du premier magistrat du pays, Smaïn Kouadria demandera au président Bouteflika d'user de son autorité pour amener les parties concernées à trouver une solution à cette situation de crise.