Selon une nouvelle étude réalisée par le Centre International des Hautes Etudes Agronomiques (CIHEAM) avec le soutien de l'Agence française de développement (AFD) sur «les perspectives des politiques agricoles en Afrique du Nord», l'Algérie court «un risque sur ses finances publiques». Ce risque dépend de plusieurs facteurs, poursuit l'étude, mettant en avant l'impact de la hausse des prix à l'international sur le budget de l'Etat. Compte tenu des mécanismes existants de soutien des prix à la consommation et à la production, des mesures spécifiques prises pour compenser (auprès de divers acteurs ou couches de la population), l'Algérie subit les effets de la hausse conjoncturelle des prix sur les marchés internationaux. Le manque à gagner pour les finances publiques est provoqué par les «mesures d'allègement ou de suppression des droits de douanes pour diminuer le renchérissement des prix». Sollicité pour donner son avis sur la question, l'économiste Abderrahmane Mebtoul nous a expliqué que les dépenses publiques garantissent «une cohésion sociale» à travers la rente pétrolière. Mais, ajoute cet économiste, aucune enquête pour connaître les couches qui profitent réellement de la subvention n'a été réalisée en Algérie qui fait face au problème de «l'injustice sociale». Une situation aggravée selon l'économiste par le manque de «mécanismes de régulation» en Algérie. Concernant les dépenses liées à la politique alimentaire, l'étude du Ciheam est revenue sur les dépenses publiques qui permettent des prix accessibles à une large couche de la population. Ces dépenses ont atteint en 2007 près de 55 milliards de DA (0,5% du PIB) pour les subventions au prix de la farine de blé et près de 90 milliards de DA pour les subventions au prix de la semoule (0,8% du PIB). Or, les volumes de consommation des produits subventionnés ne cessent d'augmenter. Dans certaines contrées du pays, commente M. Mebtoul, la consommation de la population se limite au lait et au pain, produits subventionnés par l'Etat. Ces populations, craint l'économiste, risquent d'être sous-alimentés. Il a souhaité, à cet égard, l'engagement d'une enquête pour déterminer l'indicatif de la sous-nutrition. Par ailleurs l'étude indique que sur le moyen terme, «le gouvernement algérien s'est engagé, par l'initiative sur la flambée des prix alimentaires (IFSP), à prendre un ensemble des mesures en vue de réduire l'impact de la hausse des prix des produits alimentaires pour améliorer le pouvoir d'achat des consommateurs (par le contrôle des prix), à promouvoir des investissements pour le renforcement de l'offre agricole et, enfin, à mettre en place des programmes de protection sociale destinés aux plus pauvres». Mais ceci ne reste possible que grâce aux recettes des exportations des hydrocarbures, note M. Mebtoul.