Chaque jour devant la succursale de la BADR de Tazmalt, des grappes de personnes âgées font le poireau, dès les premières lueurs de la matinée jusqu'à la fermeture de cette banque. Ces personnes sont des retraités d'outre-mer qui viennent chaque jour à cette succursale pour savoir s'il y a virement de leurs pensions en devises ou pas. Ces retraités qui se comptent en dizaines attendent dehors, car la salle d'attente de la BADR ne peut pas les contenir. Elles endurent le froid, la pluie et la chaleur à leur corps défendant. Des vieilles ne pouvant se tenir debout longtemps s'assoient à même le sol et attendent un hypothétique virement de la pension de leurs maris, qui ont travaillé outre-mer des années durant. Des fois, ces personnes attendent toute une semaine pour pouvoir encaisser leur dû, car les virements prennent du temps le plus souvent, étant donné qu'ils proviennent des pays européens, où les retraités ont passé leur jeunesse à trimer, généralement dans l'Hexagone, en Allemagne, en Belgique et en Suisse. Ces pensions, est-il judicieux de le souligner, ont sauvé beaucoup de familles de la misère. Avec le change, qui fait actuellement dans la région 125 DA pour 1 euro, les retraités ont de quoi jubiler. Si l'on prend une pension à 350 euros, cela fera 43 750 DA par mois. Une retraite dorée, car les retraités des sociétés étrangères ne perdent pas au change. Même les retraités nationaux ne touchent pas cette pension. Cela expliquerait, en partie, l'explosion de la petite bourgeoisie dans la vallée de la Soummam, alors qu'économiquement, elle est touchée de plein fouet par un marasme qui ne dit pas son nom.