Les autorités américaines ont ouvert jeudi une enquête sur de possibles problèmes de freins de la Toyota Prius hybride, ajoutant aux déboires du groupe japonais après la crise des accélérateurs défectueux qui a entraîné des millions de rappels de voitures et devrait coûter jusqu'à 1,4 milliard d'euros. Toyota, le premier constructeur automobile mondial, avait annoncé plus tôt qu'il prendrait "bientôt" des mesures concernant la voiture hybride Prius en raison d'un défaut dans le système de freinage, sans mentionner un éventuel rappel. Mais l'autorité américaine de sécurité routière, la NHTSA, qui dépend du ministère des Transports, a annoncé avoir ouvert une enquête sur de possibles dysfonctionnements des freins de la Prius Hybrid MY 2010 après des cas "de perte momentanée des capacités de freinage sur des surfaces accidentées, des bosses ou des nids de poule". Toyota a dû rappeler depuis l'automne plus de huit millions de véhicules dans le monde en raison d'une pédale d'accélérateur défectueuse et d'un tapis de sol amovible qui a tendance à s'accrocher aux pédales. Ces problèmes lui ont valu de se retrouver dans le collimateur du ministre américain des Transports, Ray LaHood. "Si vous possédez un véhicule (Toyota), cessez de le conduire, apportez-le chez un concessionnaire pour le faire réparer", a-t-il déclaré mercredi devant le Congrès. Il a ensuite tempéré quelque peu ces propos qui ont déclenché une polémique aux Etats-Unis, où l'Etat possède 60% de General Motors, le premier constructeur américain concurrent de Toyota. Selon le communiqué de la NHTSA, M. LaHood a appelé mercredi soir le président de Toyota, Akio Toyoda. Ce dernier l'a "rassuré sur le fait que Toyota prend les préoccupations américaines sur la sécurité au sérieux et place la sécurité au premier rang de ses priorités". Malgré cette crise, Toyota a créé la surprise jeudi en relevant fortement ses prévisions financières annuelles. Le géant automobile a indiqué être revenu aux bénéfices lors du trimestre d'octobre à décembre, grâce à un rebond de 12,7% de ses ventes mondiales et à des réductions de coûts plus efficaces qu'escompté. Le groupe, qui prévoyait de terminer l'exercice 2009-2010, fin mars, sur une lourde perte nette de 200 milliards de yens (1,5 milliard d'euros), table désormais sur un bénéfice net annuel de 80 milliards (610 millions d'euros). "Avant de réviser ces prévisions, nous avons pris en compte l'influence attendue des rappels liés à la pédale d'accélérateur", a précisé le directeur exécutif de Toyota, Takahiko Ijichi. M. Ijichi a indiqué que le coût direct des rappels massifs serait "d'environ 100 milliards de yens". A quoi s'ajouteront 70 à 80 milliards de yens en raison de la baisse des ventes provoquée par ce problème, portant le coût total à 170 à 180 milliards (1,3 à 1,4 milliard d'euros). La révision à la hausse des prévisions financières a étonné les analystes, dont la plupart avertissent que le coût de cette crise pour Toyota, notamment en termes d'image de marque sur le long terme, sera très élevé. M. Ijichi a précisé que les nouvelles prévisions financières ne prenaient pas en compte les derniers problèmes en date, à savoir les plaintes reçues au Japon et aux Etats-Unis concernant les freins de la voiture hybride Prius. Toyota a indiqué avoir reçu 77 plaintes au Japon, concernant la dernière version de la Prius, lancée au Japon en mai. Aux Etats-Unis, la NHTSA a annoncé avoir reçu 124 signalements de problèmes de la part de consommateurs, "dont quatre ont fait part d'accidents". Le responsable du contrôle de qualité, Hiroyuki Yokoyama, a reconnu l'existence d'un défaut dans le système de freinage hydraulique, qui peut, par temps froid, agir avec retard. "Le frein est lent mais si on continue à appuyer sur la pédale, la voiture s'arrête", a-t-il dit. Le groupe annoncera "bientôt" des "mesures explicatives" pour corriger ce problème, a-t-il affirmé, sans mentionner un éventuel rappel. M. Yokoyama a précisé que Toyota avait reçu les premières plaintes à l'automne 2009 et que le design du système de freinage avait été modifié à partir de janvier. A la Bourse de Tokyo, l'action Toyota a terminé jeudi sur une nouvelle chute de 3,52% à 3.280 yens. Depuis le 21 janvier, la valeur boursière du groupe a fondu de près de 22%.