Ils sont pères ou mères de famille, travailleurs ou retraités, mariés ou célibataires. Ils ont tenté, jeudi, de tenir un rassemblement devant le siège du ministère de l'Habitat pour faire valoir leurs droits et dénoncer les passe-droits. En grappes, ils ont réussi quand même à occuper les lieux pendant trois heures environ. Les deux personnes reçues au ministère ont rapporté qu'il leur a été demandé «d'aller déposer, lundi prochain, un nouveau dossier» à la direction générale de l'Agence nationale de l'amélioration et du développement du logement (AADL). «Dans quel intérêt ?», se sont étonnés les protestataires, qui pensent qu'il s'agit juste d'une manière de «les faire patienter et de calmer les esprits». Mais ils préfèrent prendre leur mal en patience et sont déterminés à aller jusqu'au bout. «Nous allons quand même déposer de nouveaux dossiers», ont-ils affirmé. Leur souhait : obtenir un logement sous la formule location-vente. A force de tenir des mouvements de protestation devant la direction générale de l'AADL et le ministère de l'Habitat, ils sont déterminés à poursuivre leur action jusqu'à ce que ce «long feuilleton», comme aime le qualifier l'un des protestataires, connaisse une fin. Beaucoup d'entre eux ont tenté d'avoir un logement par les autres formules en déposant des dossiers pour avoir un logement social ou un logement social participatif, mais sans résultat. Ils attendent toujours. «Pourvu que ça aboutisse», souhaitent-ils. Ils ne peuvent renoncer à leur droit, car d'autres, qui ne sont pas pourtant dans le besoin, ont bénéficié d'un logement AADL. D'ailleurs, plusieurs bénéficiaires de logements acquis selon la formule location-vente louent leurs appartements. «J'ai déposé mon dossier en 2001 et je n'ai pas encore obtenu un logement», raconte un quadragénaire. Certes, poursuit-il, «j'habite une cité AADL, mais je suis locataire chez un bénéficiaire». Y a-t-il corruption à l'AADL ? Depuis 10 ans, les choses ont changé. Certains postulants sont décédés, d'autres ont perdu leur travail en plus de ceux qui sont mis à la retraite. Beaucoup de familles de ces postulants ont grandi entre autres. Ils supportent lourdement le poids de la location et sont épuisés de changer d'habitation à chaque fois que le contrat arrive à échéance. Parmi eux, des familles qui sont ballottées d'une wilaya à une autre dans l'espoir de trouver un toit, à des prix moins exorbitants. Déstabilisés, appauvris à cause des charges de la location, ils ne savent plus à qui s'adresser pour faire valoir leur droit à un toit qui mettra fin à leur malheur quotidien. Ils dénoncent une injustice qui n'a que trop duré du fait qu'ils connaissent dans leur entourage des bénéficiaires qui ont pourtant déposé leurs dossiers, bien après eux. Pis encore, des gens qui ne sont pas dans le besoin et des femmes célibataires ont eu leurs logements qui sont soit fermés, soit loués. Une location, pourtant interdite par la réglementation. Pour détourner la réglementation, les propriétaires font des contrats de gardiennage ou de reconnaissance de dette ou se contentent de témoins qui seraient présents lors du contrat verbal. Les victimes de l'injustice dont certains n'ont rien encore payé à l'AADL citent le cas des postulants qui ont déjà payé la première tranche sans qu'il y ait de suite depuis une dizaine d'année déjà. «Où sont ces logements ?», clament certains protestataires qui ont déjà payé la première tranche, mais qui ne sont jusque-là que propriétaire «sur papier». Après avoir déposé des dossiers en 2001, certains souscripteurs ont été balancés sur le programme complémentaire de 2002. La chargée de la communication dans l'œil du cyclone A propos des passe-droits, des protestataires affirment que certains ont été invités à verser des pots-de-vin pour obtenir un appartement AADL. «Nous pouvons aller témoigner», scandent-ils. Mais seule une enquête des services de sécurité peut confirmer la véracité des propos des protestataires qui affirment que ce sont «les travailleurs de l'AADL qui se sont servis à satiété». Citant le cas de la responsable de la communication, plusieurs protestataires affirment qu'«elle a obtenu deux logements AADL». Plusieurs protestataires affirment détenir les preuves de ce qu'ils avancent. Plus grave ajoutent-ils, «cette responsable nous a demandé d'aller nous plaindre au président de la République ou voir le ministre de l'Habitat pour qu'ils nous donnent un logement». D'autres soutiennent que le directeur général de l'AADL leur aurait expliqué que «l'agence n'a plus d'argent pour construire des logements». Et pourtant, crient ces manifestants, «il y a beaucoup de logements fermés qui n'ont pas encore été attribués». Ils citent comme exemple les cas des appartements fermés à Aïn Malha. «Nous sommes des citoyens algériens, et le Président a promis de résorber le problème du logement.» «Nous dormons dans le couloir, car le studio de 20 m2 que je loue s'avère trop exigu pour une famille de sept personnes», relate un cadre comptable âgé de 54 ans. «Je paye cette location à 15 000 DA par mois à la cité Mahiedine», qui relève de l'APC de Sidi M'hamed, a-t-il précisé.