Un impressionnant dispositif de sécurité a empêché les marcheurs de rallier le siège de l'APN. La marche de solidarité avec l'Irak à laquelle a appelé le Mouvement de la société pour la paix (MSP), jeudi dernier, n'a finalement pas eu lieu. L'important dispositif policier déployé autour du lieu de rendez-vous, à la place du 1er-Mai à Alger, a dissuadé les manifestants de rallier tout au long des avenues Amirouche et Zighoud-Youcef le siège de l'Assemblée populaire nationale. Pourtant, le parti islamiste a délibérément choisi cet itinéraire, le même qu'a emprunté le président français Jacques Chirac, pour faire valoir son droit à occuper la rue. Or, c'était sans compter avec l'inflexibilité du ministère de l'Intérieur, bien décidé à réprimer tout débordement sur la voie publique. Et ce n'est guerre la plainte déposée mercredi à son encontre par la formation de Nahnah, rabrouée dans une première tentative de marcher pour l'Irak, qui a fléchi sa position. Jeudi, plus que d'habitude, le département de Zerhouni s'est montré intraitable. Il a sorti les grands moyens, y compris le canon-à-eau, pour dissuader le MSP de défier son autorité. Résultat, du côté des forces de l'ordre comme des manifestants, le poids du nombre faisait craindre le pire. A midi, la place du 1er-Mai grouillait. Rejoints par les militants du Parti des travailleurs, du Parti national pour la solidarité et le développement (PNSD) et des membres du Comité de solidarité avec l'Irak, les émules de Nahnah ont répondu massivement au mot d'ordre de leur formation. Emmitouflées dans leur hidjab et regroupées dans leur propre carré, les femmes du MSP ont également répondu présentes. A gorge déployée, elles scandaient le slogan-phare du parti : “Esilm” (la paix). Chez leurs camarades masculins, certains, à l'allure très rébarbative, ont appelé au djihad. Leur enthousiasme a redoublé à l'apparition de leur chef, Mahfoud Nahnah. Même courte, sa présence auprès de ses fidèles a suffi à enflammer davantage ces derniers. De sa voix fatiguée, Nahnah a appelé à soutenir le peuple irakien dans son épreuve. Véhément, il dénoncera ensuite l'indifférence des régimes arabes. Lui emboîtant le pas, son alliée du jour, Louisa Hanoune, dénoncera leur hypocrisie. S'élevant contre les autorités algériennes, la porte-parole du Parti des travailleurs a souligné que “l'interdiction des marches n'entame pas la volonté du peuple algérien d'exprimer son rejet de la guerre contre l'Irak”… A 13 heures, le rassemblement a pris fin. En quittant les lieux, Nahnah a exhorté ses militants à se disperser dans le calme. Ne voulant manifestement pas finir si tôt leur grande sortie, ces derniers rallieront ensuite le siège du parti à El-Mouradia. Ils y ont improvisé un second rassemblement. S. L.