Les scandales de corruption qui ont caractérisé la scène nationale (Sonatrach, autoroute Est-Ouest) ces derniers temps n'ont pas laissé de marbre le Premier ministre Ahmed Ouyahia qui s'exprimait mercredi dans une conférence de presse à l'issue du sommet de l'Alliance présidentielle, rappelant que l'Etat ne s'est jamais désengagé de la lutte contre ce fléau. Pour preuve, un observatoire national de lutte contre la corruption sera lancé d'ici à fin mars sur instruction du Président et un autre organisme sera également mis en place. Interrogé sur ces scandales, M. Ouyahia a affirmé que la lutte contre la corruption doit être menée «avec sérénité» car, admet-il, «le sujet n'est pas nouveau, il est récurrent». Les révélations de la presse n'ont pas surpris l'Etat qui, affirme-t-il, tout en précisant qu'il n'est pas de tradition de juger à la place de la justice. Dans ce même ordre d'idées et répondant à une question sur la responsabilité politique des responsables, il dira : «Tant que la justice ne s'est pas prononcée, il y a présomption d'innocence. La responsabilité politique n'est pas établie.» Il n'est pas de tradition dans le monde de condamner les gens avant que la justice ne se prononce, a encore estimé M. Ouyahia qui faisait allusion à la presse. D'ailleurs, même dans la déclaration finale sanctionnant les travaux du sommet, l'Alliance appelle à «prémunir les cadres intègres contre toute atteinte et empêcher que les médias ne prononcent leur jugement avant celui de la justice pour chaque enquête ouverte». Pour Ouyahia, «il ne fallait pas attendre du gouvernement qu'il juge les personnes accusées de corruption à la place du juge ou qu'il commande les affaires qui sont entre les mains de la justice». «C'est Sonatrach est alors ?», s'est encore expliqué le Premier ministre tout en affirmant que l'instruction judiciaire déclenchée au niveau de Sonatrach ne risque pas d'influer sur le rendement de la compagnie. Il rappellera que d'autre affaires ont eu lieu depuis 2006, étayant ses dires par les chiffres du ministère de la Justice. «Plus de 4000 affaires ont été traitées», dira-t-il en précisant que le chef de l'Etat a toujours insisté dans ses différents discours depuis 1999 sur la nécessité de lutter contre la corruption et sur l'obligation de rationaliser les dépenses publiques. M. Ouyahia a dans la foulée annoncé la création d'un observatoire de lutte contre la corruption qui sera lancé d'ici à fin mars. La création de l'observatoire, qui aura comme objectif l'élaboration de stratégies de lutte contre ce fléau, est contenue dans la dernière directive du président de la République, précise-t-il, expliquant que son rôle est beaucoup plus préventif. Côté répressif, ce sera un autre organisme qui sera mis en place ultérieurement, affirme le Premier ministre, qui fera avoir que de conseillers juridiques de rang magistral seront également placés au niveau de certains ministères et autres institutions pour veiller au strict respect de la loi dans l'octroi des marchés publics. Ceci sans oublier le renforcement de l'arsenal juridique également prévu.