Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, est revenu hier lors d'une conférence de presse animée à l'issue du sommet de l'Alliance présidentielle, sur plusieurs questions d'actualité. Empruntant sa casquette de Premier ministre, Ouyahia s'est expliqué sur le dossier de la corruption et le scandale qui secoue Sonatrach et l'autoroute Est-Ouest. Répondant sur le mutisme de l'Etat, Ouyahia a tenu à rappeler la directive présidentielle qui a été signée par Bouteflika et diffusée en septembre 2009. Une directive portant sur la lutte contre la corruption. « L'Etat ne s'est pas tu, car il n'est pas surpris qu'il y ait une lutte sans merci contre la corruption. Une lutte menée essentiellement par le chef de l'Etat », a fait remarquer le Premier ministre. Toutefois, pour ce qui est de la dimension de cette affaire, le gouvernement, de l'avis de Ouyahia, n'a pas pour tradition de juger les gens avant que la justice ne les juge. « Personne ne peut parler d'une responsabilité politique tant que la justice ne s'est pas encore prononcée sur cette affaire et tant que la présomption d'innocence peut être établie en faveur des incriminés », a lancé Ouyahia d'un ton déterminé avant d'ajouter : « N'attendez pas du gouvernement qu'il juge des gens et se prononce sur des affaires qui sont au niveau du tribunal. Nous n'avons pas le droit de porter atteinte ni à la dignité ni à la présomption d'innocence de ces individus. » Ouyahia estime que le procès de Sonatrach prendra le temps qu'il faudra. Lors de son intervention devant ses partenaires de l'Alliance, le conférencier a fait un discours beaucoup plus politique où il a révélé la satisfaction de son parti quant au retour de la sécurité et du développement. Il invitera dans la foulée les militants de sa formation à se préoccuper de certains phénomènes que connaît le pays, comme l'anarchie et la violence dans la société, la prolifération de la corruption, le laxisme dans la gestion des deniers publics, la spéculation dans les rapports économiques et commerciaux qui se font au détriment des citoyens. Les grèves dans le monde du travail reposent, selon Ouyahia, sur l'illusion autour du pétrole, alors que cette ressource est en net recul. Interrogé sur ce dernier point, notamment ces accusations à l'encontre des syndicats initiateurs des grèves ouvertes, Ouyahia pointera du doigt certaines personnes qu'il n'identifiera pas : « Il y a des batailles que certaines personnes ont perdues sur la scène politique et qu'elles ont transférées sur l'espace syndical. Tout le monde est sur un seul navire », a fulminé le chef de l'Exécutif, qui estime qu'il est légitime de demander des augmentations de salaires, mais il ne faut pas que l'on s'illusionne. Sur un autre chapitre, relatif à l'affaire de la liste noire américaine sur la sécurité aérienne et le recours à l'application des mesures de réciprocité à l'égard des voyageurs américains et français, M. Ouyahia a rétorqué que le principe de la réciprocité a marqué l'Algérie au fil des années. « L'Algérie peut opérer le principe de la réciprocité avec ces pays », a-t-il soutenu. Toujours sur le plan international, l'Algérie, tonnera-t-il, ne demandera pas d'excuses à l'Egypte. « Il y a eu un match de football, il y a eu un écart de langage de la part des Egyptiens. Notre peuple et les médias algériens ont été à la hauteur. Maintenant notre ambassadeur en Egypte est sur place, leur ambassadeur est toujours accrédité chez nous, s'il veut venir il est le bienvenu, s'il refuse sa place demeure inoccupée », a déclaré Ouyahia. Pour ce qui est de l'information ayant trait à l'annulation de la visite de Bernard Kouchner, le SG du RND a réfuté cette information en soutenant que l'Algérie et la France sont liées par une relation normale. Et une relation d'exception avec cette dernière a nécessité pour son établissement un environnement propice. Notons par ailleurs que la présidence tournante de l'Alliance présidentielle est passée hier du MSP au RND. Intervenant à cette occasion, le président du MSP, Bouguerra Soltani, a estimé que le bilan des activités de l'Alliance, sous son mandat, a été « globalement positif », en dépit de « certaines lacunes constatées » qui, a-t-il dit, « n'ont pas permis d'atteindre leurs objectifs ».