Les syndicats des secteurs de la santé publique et de l'éducation estiment que les mouvements de grève que leurs personnels respectifs, en l'occurrence les médecins et les enseignants, mènent depuis plusieurs mois ne sont qu'une simple revendication des droits socioprofessionnels de ces deux catégories. «Le statut du personnel de la santé n'est pas une question politique et n'a rien à voir avec les recettes ou même les prix du pétrole», nous dira le docteur Soubaihi, délégué au Syndicat national des médecins spécialistes de la santé (SNMSSP). Notre interlocuteur estime que le contenu du statut de cette corporation engage fortement les médecins qui sont tenus de le défendre et lutter pour l'améliorer. «Nous ne sommes pas responsables des prix du pétrole mais nous sommes responsables de notre statut qui définit nos droits, et des conditions dans lesquelles nous travaillons. C'est d'ailleurs ce qui explique notre acharnement et aussi notre persistance à poursuivre notre protestation sous n'importe quelles conditions», a-t-il encore précisé. Notre interlocuteur dira que l'objectif recherché de toutes ces actions de protestation et de ces grèves illimitées est celui de faire valoir leurs droits et de faire entendre leurs voix. «Nous voulons que les pouvoirs publics reconnaissent la justesse de nos revendications et prennent en compte nos propositions de ce type de document qui nous engage à plus d'un titre», a-t-il encore indiqué. Réagissant aux dernières déclarations du Premier ministre lors de sa conférence de presse animée mercredi sur ces mouvements de protestation illimités, M. Soubaihi dira : «Ces actions s'inscrivent dans le cadre de la lutte syndicale et n'ont rien à voir ni avec la manipulation politique ni encore avec les prix du baril de pétrole», a-t-il affirmé. Le porte-parole du Cnapest a été de cet avis. «Les revendications socioprofessionnelles concernent toutes les couches salariales chacune avec ses spécificités. Je pense que nous exerçons depuis huit ans sur la scène syndicale et nous avons prouvé, à maintes reprises, que nous ne sommes pas le fruit de manipulation politique ou de quelconque autre courant. Nous sommes des syndicats représentatifs agréés, nous avons nos instances nationales et locales, nous organisons des assemblées électives et nous défendons les revendications du personnel de l'éducation, en particulier des enseignants. Ceci s'ajoute au fait que nous avons eu plusieurs réunions avec le ministère qui a entamé des négociations avec nous sur nos revendications, ce qui signifie en grande partie qu'elles sont légitimes», a expliqué Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapest. «La plateforme de revendications est notre seul parti politique» «Ce sont des mouvements spontanés qui sont, dans tous les cas, décidés par la base à travers l'organisation d'assemblées locales dont les PV sont transmis au conseil national qui prend les décisions finales après examen de toutes les propositions», a-t-il ajouté. Le Cnapest a d'ailleurs décidé d'entamer une semaine de grève reconductible. Une action qui sera menée conjointement avec l'Unpef avant le 25 février. «Le principe de l'action de protestation est acquis, il reste juste à décider de la date que nous allons communiquer une fois que l'Unpef tiendra son conseil national», a-t-il encore indiqué. Le CLA s'est montré révolté par les déclarations du premier ministre Ahmed Ouyahia : «Il n'a qu'à tenir ses promesses vis-à-vis des indemnisations des travailleurs qui sont gelées depuis plusieurs années. Les travailleurs de la fonction publique sont doublement lésés. Ils n'arrivent pas à joindre les deux bouts en raison des salaires misérables qu'ils perçoivent», a indiqué Iddir Achour, chargé de la communication du CLA. Il estime que le personnel de la fonction publique est marginalisé et les scandales financiers observés dans les différents secteurs ne sont que les conséquences des situations catastrophiques des travailleurs. Il estime qu'il est tout à fait normal que les syndicats militent pour améliorer les conditions de vie des travailleurs tout en soulignant que l'option de la manipulation politique est à écarter. «Notre plateforme de revendications est notre seul parti politique. C'est elle qui nous guide et qui oriente toutes nos actions. S'ils veulent qu'on cesse la protestation, il n'ont qu'à satisfaire nos revendications», a-t-il encore ajouté.