Le colonel Mostefa Taïbi de la gendarmerie nationale était tout heureux d'annoncer lors du point de presse fait au siège de l'état-major à Alger le nouveau dispositif autour du nouveau code de la route ou la «poche» le «porte-monnaie» et même le compte en banque vont être tapés, de quoi dissuader les automobilistes qui ont pris un verre avant le volant. Le jeune, qui comparaît ce dimanche devant le président de la section correctionnelle du tribunal de Koléa (cour d'Alger), a pris une petite gonzesse, six ou huit verres (il n'a pas pu se rappeler exactement le nombre), fait de la vitesse, ne voit pas un barrage des gendarmes qui ont été extraordinaires de sang-froid et de maîtrise en n'ouvrant pas le feu sur ce drôle d'énergumène. D'ailleurs, le juge n'a fait aucun cadeau à cet égaré des routes matinales et voies rapides. Il ne s'est rendu compte du miracle qu'à la barre, car ne pas s'arrêter à un barrage de la gendarmerie nationale... brrrr... Et le verdict sera ce que la loi, la raison, le cœur, les tripes et tout le tralala avaient prévu pour ce genre de délit que nos magistrats combattent avec la plus grande rigueur, de quoi sauver la vie de ces imbéciles et de ceux qui arrivent en face... - «Dites un peu au tribunal comment aviez-vous fait pour ne pas vous être arrêté devant le barrage ?», lâche hadj Rabah Barik, ce juge posé et compétent. Il avait à sa droite sa copine. Il avait pris quelques verres de trop, pris la résolution d'accélérer un peu jusqu'à ne plus freiner à temps devant le barrage des gendarmes sur le qui-vive et qui auraient pu «tirer» la sommation et peut-être aller plus loin dans le drame. Le pauvre malheureux restera durant les débats dans une fâcheuse situation, tête baissée, bras ballants et épaules enfoncées, tant la honte l'habitait. Il est vrai qu'au moment où il avait quitté le box, il avait eu le temps de voir sa maman, sa sœur, son oncle ouvrant grands les yeux, il a donné la nette impression de ne pas voir la... copine. Samir Hamel, le procureur, réclame avec beaucoup d'insistance l'application de la loi dans la plus grande rigueur avec, en sus, le retrait du permis de conduire pour une durée d'un an, le temps d'une cure de désintoxication, même si «ce jeune inculpé ne monte pas de signes apparents d'un soûlard invétéré ou encore d'un clochard, il a fauté. Il doit payer», martèle-t-il. Maître Fayçal Ramdani, l'avocat, va droit à la fameuse expression qui dit que l'alcool est mère de tous les vices, avant de chercher à couvrir la dérive de l'inculpé. Et Barik de balancer que «les dérives n'avaient aucune excuse puisqu'il était en galante compagnien gai comme un bébé au volant. Il ne va pas s'oublier pour flétrir de tels comportements émanant d'un jeune qui aurait dû se souvenir que l'alcool et le volant étaient... Il revient à l'inculpé et à sa personnalité. Il présente sa famille comme étant honorable. Il regrette que son passage à Zéralda et la virée chez Lamia au bar du coin l'aient mené vers l'interpellation et la taule à titre préventif et la détention préventive, en ces temps qui courent donnent à réfléchir aux fans de Bacchus, curieusement en grand nombre et un nombre croissant SVP. Et on peut dire que l'adage de la mère de tous les vices est vrai. Salim demande l'indulgence du tribunal et va même jusqu'à souhaiter la clémence de l'Eternel, pourvu que la peine n'aille pas jusqu'au prolongement du séjour en prison, une prison à éviter à coup sûr, car rien ne vaut la liberté, surtout au volant et sobre.