Les gendarmes d'Alger ont bouclé mercredi soir leur 22e opération coup-de-poing dans les milieux réputés être des fiefs notoires pour délinquants. Présentée comme étant d'envergure, l'opération s'est étalée sur 48 heures et a engagé quatre escadrons, 20 groupes cinéphiles, en plus des unités territoriales. Un dispositif impliquant en tout 1250 militaires. Le déploiement des troupes de la gendarmerie s'est concentré particulièrement sur les communes périphériques de la capitale et les hameaux connus pour être dangereux. Les communes de Ouled Chebel, de Birtouta, les localités d'El Karia à Chéraga, de Haï Remli à Gué de Constantine, de Haï Sidi M'barek (Birkhadem), les quartiers de Baraki, de Haï Sebala (Draria), de Haouch Santo, de Haï El Ferrouch, de Haï El Merad, de Bousmaha (Bouzaréah), les forêts de Baïnem et de Bouchaoui, de Diar El Kef, de Haouch Tayeb et de Haï Tourab ont, entre autres, été le terrain d'opérations pour les unités de la gendarmerie, déployées deux jours durant. A Haouch (Réghaïa), dans une zone tampon située entre Alger et Boumerdès, les gendarmes ont, à la faveur de cette opération, libéré une jeune fille âgée de 25 ans, kidnappée à Tizi Ouzou depuis le 10 novembre. La victime du rapt a déclaré aux gendarmes avoir été violée par ses ravisseurs. Une dizaine d'hommes, dont deux ont été arrêtés. L'opération coup-de-poing des gendarmes a permis également de démanteler, partiellement, un réseau de faux-monnayeurs et récupéré 34 000 DA en faux billets. L'enquête a été ouverte suite à l'arrestation lundi dernier, dans une boîte de nuit à Zéralda, de deux individus, qui furent dénoncés après qu'ils aient osé de vraies « rechkate » avec de fausses coupures de 1000 DA. Le QG de la bande a été localisé par les enquêteurs aux Issers dans la ville de Bordj Menaïel. Lors de ces descentes, le nombre de personnes « embarquées » pour les besoins de l'identification a atteint les 2320. Ont été libérées, après vérification d'usage, 2053 personnes. 223 autres ont été également relâchées après consignation de procès-verbal, 44 personnes ont été par ailleurs placées en garde à vue et 12 furent écrouées. Les gendarmes ont eu à saisir une quantité importante d'armes blanches, dont des couteaux (53), des matraques (57), une douzaine de bombes lacrymogènes, des barres de fer, des haches, des barbituriques, du kif traité (18,5 g) et un véhicule de type Clio sans documents d'identification. Furent pareillement saisis, 285 kg de beurre altéré, du fromage, et l'équivalent de 200 000 DA de produits cosmétiques. Les infractions relevées durant cette opération vont du banal défaut de registre de commerce à l'association de malfaiteurs, le kidnapping, le viol, le port d'armes prohibées, les vols simples et les vols qualifiés, les coups et blessures, la destruction de bien d'autrui, le recel d'objet volés, etc. Pour ce qui est des infractions au code de la route, il a été constaté, durant ces 48 heures, 1108 cas de délits donnant lieu à 406 interventions, 2523 amendes et 589 retraits de permis. Avant l'énoncé du bilan de l'opération, le commandant du groupement de gendarmerie d'Alger, le lieutenant colonel Taïbi a indiqué, lors d'un point de presse, organisé au siège la compagnie de Réghaïa, que le dispositif de lutte contre la criminalité ambiante et la petite délinquance s'inscrit dans la durée. Une série de mesures visant à rétablir la sécurité à Alger a été arrêtée, à savoir la multiplication des « descentes » des gendarmes dans les quartiers et hameaux dangereux afin d'enrayer la petite délinquance qui est le souci premier du citoyen. Celui-ci, dira l'officier supérieur, se soucie moins des détournements de milliards, mais pense davantage à sa propre sécurité, menacée par le phénomène de la petite délinquance. Le nouveau procureur général d'Alger, a ordonné, affirme le lieutenant-colonel, l'application des peines maximales pour les délits ayant trait au port d'arme prohibées, notamment les armes blanches, les vols simples, les vols qualifiés et les vols de portables. Les personnes qui seront reconnues coupables de l'un des faits cités écoperont désormais d'une peine de deux ans de prison ferme, en attendant la promulgation du nouveau texte du code pénal qui portera la peine de 3 à 5 ans d'enfermement. Autre mesure phare prise par le parquet, l'éloignement du détenu des prisons d'Alger « pour le couper, argumente l'officier, de son milieu » naturel « où il est pris en charge », encourageant ainsi sa récidive.