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Un importateur témoigne
Publié dans Le Temps d'Algérie le 12 - 02 - 2010

Le marché du jouet devient de plus en plus important dans notre société. C'est ce que constatent les importateurs. «L'importation du jouet est très récente en Algérie. Il y a quelques années, le jouet n'était pas autant commercialisé», témoigne Gourou Miqael, distributeur des marques de jouets européennes Vtech, Hasbro, Matel et Lego et propriétaire du réseau de jouets et puériculture Daky (enseigne algérienne).
Vu l'intérêt que portent les parents aux jouets de qualité, le changement est remarquable, selon M. Gourou. «Il y a quatre ans, à l'ouverture de notre société, les gens n'achetaient pas autant et surtout ne se présentaient pas autant à nos magasins», poursuit M. Gourou. «Entre 2007 et 2008, nous avons constaté une évolution de 100% de notre activité. Nous sommes passés de 20 millions à 40 millions de dinars. Notre objectif est d'atteindre 60 millions cette année», se confie-t-il.
Un vrai outil d'apprentissage
«Au moment de notre installation, il fallait promouvoir la marque et faire essentiellement ressortir les bienfaits du jouet quant à l'évolution intellectuelle de l'enfant», poursuit-il. Il précise que leur produit a pour but d'éduquer, d'instruire et de développer les sens de l'enfant tout en l'amusant, en tenant compte bien sûr des besoins et de l'âge de chaque enfant, y compris l'enfant handicapé moteur. Le produit Vtech par exemple est développé par des spécialistes, notamment des psychologues, des pédagogues et des puériculteurs.
«Nous nous basons surtout sur des jouets éducatifs. Donc, les mitraillettes et les pistolets ne font pas partie de notre lot. Les parents peuvent être aussi concernés que leurs enfants. Les jeux de société par exemple attirent autant les enfants que les adultes. Contrairement aux jeux vidéo qui incitent l'enfant (parfois l'adulte) à s'enfermer dans la chambre pour tuer quelque chose ou quelqu'un (car il y a toujours quelque chose à tuer dans ces jeux), les jeux de société renforcent les relations parents-enfant, contribuent à la sociabilité de l'enfant et consolident la communication entre les membres de la famille sans parler de l'ambiance conviviale que ces jeux apportent à la famille.»
La culture algérienne n'est pas à la marge
«Nous tenons compte aussi de la culture. Nous commercialisons certes des jouets européens, mais nous gardons cette identité propre à la société algérienne. Nous avons même un projet de créer des jeux de société propres au pays pour l'année 2010, notamment le scrabble en arabe, le monopoly traitant des quartiers algérois tels que
Didouche Mourad ou Sidi Yahia, et la triviale poursuite qui traite des questions concernant la culture arabo-musulmane, notamment la religion et la littérature. Nous avons d'ailleurs proposé cette idée à nos consulteurs et ils semblent intéressés», explique M. Gourou. «Nous répondons aux exigences de chaque parent. Nous ne sommes pas là pour le gain mais pour orner le monde de l'enfant avec des supports éducatifs et amusants à la fois», poursuit-il.
Qualité-prix des produits
«L'aspect qualité-prix n'est pas non plus négligé. Nous nous adressons à l'Algérien moyen. D'où la différence de l'approche par rapport à celle en Europe», souligne-t-il. Car, contrairement au consommateur algérien qu'on oriente au fur et mesure, d'après notre interlocuteur, le consommateur européen relève de l'acquis. Autrement dit, il y a un travail de persuasion face au parent algérien quant à l'achat du jouet de leur enfant. «Nous essayons de convaincre le parent algérien de mettre le paquet pour acheter des jouets ‘'aux normes'',
un peu plus coûteux, au lieu de faire des économies de quelques centimes en offrant à son enfant une babiole périlleuse pour la santé du tout-petit par la toxicité de la peinture ou par les outils dangereux utilisés pour sa fabrication. Nos conseils ne s'arrêtent pas là, puisque notre but n'est pas commercial. Il est avant tout passionnel. Notre satisfaction est celle de l'enfant qui sort de chez nous heureux, et aussi celle de cette mère ou de ce père qui ne sort pas démoralisé parce qu'il s'est ruiné», dit-il avec un sourire amusé.
Question de formalité
Le marché du jouet doit représenter à peine 1% du marché algérien selon notre distributeur de jouets. «Nous travaillons en Algérie. Donc, nous nous adaptons aux lois algériennes», souligne M. Gourou. «Nous sommes obligés de passer par des formalités qui restent excessivement chères par rapport aux autres produits importés. Le droit de douane nous revient à 58% pour chaque produit (dont 30% pour la douane et 17% de taxe)», remarque-t-il. «Inutile de dire que comme tout autre commerce, celui du jouet connaît l'informalité.
Il s'agit d'importateurs qui ne respectent pas les règlements établis par les autorités, notamment la douane algérienne. Je vous donne l'exemple de l'étiquette exigée en arabe sur chaque produit transporté. Et figurez-vous que vu le temps et les moyens demandés pour réaliser cet étiquetage, nombreux sont les distributeurs qui ne prennent pas en considération cette procédure. Ils arrivent pourtant à vendre leurs produits», ajoute-t-il.
Qu'en est-il du contrôle ?
Tout importateur de jouets doit remettre au laboratoire «d'homologation», spécialisé dans l'analyse du jouet, un dossier représentant chaque produit, ainsi qu'un échantillon, selon la même source. Une fois le dossier étudié et l'échantillon analysé, l'évaluation du produit en question est transmise à la DCP (direction du contrôle et de la prévention) qui confirme si le produit répond aux normes ou non, par le biais d'un document servant à faire sortir la marchandise au niveau de la douane. «Ce type d'opération est routinier, y compris à l'étranger où l'on est censé étudier minutieusement tout produit de puériculture. On peut avoir aussi des produits ‘'de marque'' hors normes en France», constate notre interlocuteur.
«En Europe, le jouet qui ne répond pas aux normes est retiré du marché, ce qui n'est pas le cas ici. Il faudrait que certains importateurs sachent qu'il n'y a pas d'économies à faire quand il s'agit de jouet. Ils doivent fournir les moyens nécessaires pour offrir à l'enfant algérien un produit qui ne met pas en risque sa santé», ajoute-t-il. Quitte à prendre une marge minimale. «Car, avant d'être des importateurs de jouets, nous sommes des marchands du bonheur», conclut-il avec un sourire sincère.


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