Quelles sont les retombées des essais nucléaires français de Reggane ? En accord avec la direction de la santé de la wilaya d'Adrar, nous avons recommandé en premier lieu la mise en place d'un registre du cancer à Adrar. En second lieu, la formation du personnel du registre au niveau de l'Institut national de santé publique, à Alger. Et vue que la création de l'Etat durant la période coloniale était déjà effective, lors des essaies nucléaires de Reggane, nous avons donc décidé de lancer le recensement de la population qui vivait dans les périmètres concernés par les radiations et lancer par la même occasion une étude longévitudinale de morbidité concernant non seulement le cancer, mais également le taux de malformations fœtales, le taux de fertilité, ainsi que les avortements avec le Commissariat de l'énergie atomique. La troisième recommandation concerne l'étude du degré de contamination des sols et des possibilités de décontamination de la flore et de la nappe phréatique, au terme de la réalisation de ces différentes créations. Le quatrième point est la constitution d'un dossier rigoureux à soumettre aux autorités internationales en vue de faire appliquer le principe du pollueur-payeur». Quelle est la démarche que vous avez préconisée pour justement faire aboutir ces recommandations ? Les recommandations répertoriées à l'issue de la journée scientifique vont être présentées lors de la conférence internationale prévue pour bientôt à Alger et qui portera sur le même thème. Nous sommes donc invités à prendre part à cette rencontre qui verra la participation des groupes multinationaux. Nous allons présenter, moi et le Pr Bouzid, chef de service du Centre Pierre Marie Curie, ces recommandations et en même temps leur soumettre un résumé de ce qui a été fait lors du forum, afin qu'il y ait une continuité de notre travail. Mais d'abord il faudrait mettre en application les décisions prises et faire le point à notre niveau en Algérie, le programme tracé au cours du forum, en attendant le travail des commissions européennes et occidentales. Le travail en Algérie sera pris en charge par plusieurs ministères – Agriculture, Intérieur, Santé, Ressources en eau – qui doivent établir une carte de toutes les conséquences et effets des radiations ionisantes sur la santé, pour pouvoir constituer un dossier solide afin de le présenter au niveau international. Il faut procéder de la même manière que dans les affaires introduites en justice, c'est-à-dire d'une manière rigoureuse et scientifique, pour aboutir à une solution adéquate, au lieu de rester dans le vague, sans preuve concrètes. Propos recueillis par