La société mixte Djazaïr Ports World, joint-venture détenue à parts égales entre l'Entreprise portuaire d'Alger (Epal) et le groupe émirati Dubai Ports World (DPW), peine à entreprendre les investissements sur lesquels elle s'était engagée en mars 2009. Les déboires financiers de la société mère ont affecté sa filiale algérienne, qui a adopté une politique d'austérité au détriment des salariés et du port d'Alger. Les travailleurs réaffectés à cette entité, rencontrés hier, ne savent plus à qui s'adresser et appellent à l'intervention des hautes autorités du pays. En effet, le troisième opérateur mondial dans les terminaux à conteneurs n'a pas encore montré son potentiel en Algérie. Nos sources ayant requis l'anonymat affirment qu'aucun investissement n'a été réalisé par la société Djazair PW. La société devra réaliser en 2010 des investissements de l'ordre de 96 millions de dollars. Les projets consistaient, entre autres, à acquérir quatre portiques (des équipements de pointe permettant le traitement des navires transportant des conteneurs) et l'informatisation de la gestion du port. Aujourd'hui, aucun de ces investissements n'a vu le jour. A notre question sur des éventuelles difficultés financières du partenaire émirati, notre source se contente de rappeler les déclarations du ministre des Finances, Karim Djoudi, qui avait affirmé en décembre dernier que la filiale portuaire de DPW ne sera pas affecté par la crise financière qui a touché l'entreprise mère. Le ministre avait écarté qu'il y aurait des retombées négatives. Sur le terrain, la nouvelle société continue à fonctionner avec les moyens propres à l'Epal. Ce qui suscite l'ire des travailleurs qui considèrent que «le partenaire profite des rentrées du port d'Alger sans dépenser aucun sou». Les conditions de travail sont également décriées par les travailleurs, qui dénoncent une surexploitation des agents et des risques professionnels mortels. Des postes d'emplois indispensables, à l'exemple du pointeur et l'agent de chaîne (chargé de surveiller les dockers lors du déchargement d'un navire) ont été supprimés dans le cadre du nouveau système de gestion. L'autre point relevé est lié à l'entreposage des conteneurs. Auparavant, l'Epal recourait à l'entreposage parallèle des portiers afin d'éviter les vols. Mais le nouvel exploitant du terminal procède à un entreposage séparé, ce qui permet à des personnes d'ouvrir les conteneurs, sachant que les mesures de sécurité sont pratiquement inexistantes. Des cas de vols ont été déjà signalés à la direction du port. Lors de la prise en main du terminal à conteneurs en mars 2009, les responsables de DP World ont promis d'améliorer le système de rémunération. Mais depuis neuf mois, les travailleurs de cette entreprise ont vu «leurs droits bafoués». «Avant, une douzaine de dockers se chargeaient du déchargement des navires, mais actuellement, seuls huit travailleurs sont mobilisés. Les portes du dialogue restent fermées entre la direction de Djazair PW et les travailleurs».