Pour garantir une offre suffisante, «l'Algérie importera tous les produits qui risquent de connaître une hausse pendant le mois de Ramadhan», a annoncé hier El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce. L'invité de la Chaîne I a justifié cette décision par la détermination de son département «à lutter contre les spéculateurs» qui profitent de ce mois pour réaliser des gains faramineux. A la lumière des expériences des années précédentes, des études de perspectives ont été engagées avec le ministère de l'Agriculture pour déterminer les produits qui risquent de connaître une flambée durant le mois de ramadhan. Le ministre a laissé entendre que même les légumes seront concernés par l'importation puisque certains d'entre eux, comme la courgette, enregistrent une hausse vertigineuse durant le mois de carême. 60% des fruits et légumes échappent au contrôle Le manque de marchés réglementés aggrave la désorganisation du marché où «60% des fruits et légumes sont écoulés sur le marché informel», échappant à tout type de contrôle. Une enveloppe de 47 milliards de DA a été allouée au ministère du Commerce pour créer des marchés de gros et de détail à travers le pays. Le prochain recrutement de 7000 inspecteurs de la qualité renforcera le contrôle et permettra d'engager une lutte sans merci contre «les opportunistes» qui gravitent autour du secteur commercial. Comparativement aux prix des fruits et légumes et des autres produits de consommation pratiqués en 2009, le ministre a fait remarquer que les prix sont actuellement en baisse. A l'exception du sucre qui a connu une forte hausse sur le marché national suite à l'augmentation de son prix sur le marché international qui a atteint un taux de 118% entre décembre 2008 et décembre 2009 au niveau de la bourse de Londres, les autres produits sont en recul, se réjouit le ministre, annonçant le projet d'intervenir pour définir les marges bénéficiaires des importateurs, des grossistes et des commerçants concernant la vente du sucre. Les marges bénéficiaires des importateurs de sucre bientôt fixées Loin d'imposer aux importateurs de vendre à un prix défini par l'Etat, le ministère du Commerce étudie actuellement avec les autres départements concernés la détermination des marges bénéficiaires. Tout en défendant les importateurs qui ont «juste répercuté la hausse des prix sur le marché international», le ministre a reconnu que ces intervenants ne baissent pas les prix lorsque le cours mondial du sucre recule. Après la «réussite» de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), une réflexion est engagée avec le ministère de l'Agriculture pour créer un office qui sera chargé d'importer certains produits de large consommation afin de pouvoir intervenir en cas de pénurie, de spéculation ou de monopole. L'objectif assigné est de stabiliser le marché, a-t-il expliqué. Annonçant la modification de la loi sur la concurrence, à travers laquelle il sera possible de définir les marges bénéficiaires, M. Djaâboub a relevé «le retour de l'Etat importateur» pour stabiliser le marché de l'offre et de la demande. L'UE et les USA invités à retirer leurs questions A propos du projet d'adhésion de l'Algérie à l'OMC, le ministre a souhaité que les partenaires de l'Algérie soient «compréhensifs» à propos des choix du pays. Citant le maintien de la taxe intérieure de consommation (TIC) pour certains produits et l'interdiction de l'importation des équipements vétustes, il a affirmé que l'Algérie ne renoncera pas à ses décisions. En modifiant plusieurs lois et en accordant plusieurs facilités fiscales, «notre pays a fourni le ticket d'accès à l'OMC». Il a souhaité, à ce propos, que l'Union européenne et les Etats-Unis retirent les questions adressées à l'Algérie afin de lui permettre d'adhérer à cette organisation qui compte à présent 158 membres. Pour rappel, les Etats-Unis et l'Union européenne ont adressé 96 questions auxquelles l'Algérie n'a pas encore répondu. Par ailleurs, El Hachemi Djaâboub a annoncé que des négociations sont engagées avec trois constructeurs automobiles pour fabriquer des voitures en Algérie. Sans fournir plus de détail, le ministre s'est contenté de relever que les négociations sont à un stade avancé.