Des milliers de personnes ont manifesté hier à Niamey leur soutien au «conseil suprême de restauration de la démocratie», l'instance mise en place par les militaires pour diriger le Niger après leur putsch réussi contre le président Mamadou Tandja. Environ 10 000 manifestants se sont rassemblés hier devant le Parlement nigérien en réponse à l'appel lancé la veille par la Coordination des forces démocratiques pour la république (CFDR) pour soutenir l'action des militaires auteurs du putsch contre le président Mamadou Tandja. Cette démonstration de rue vient conforter la position des putschistes qui, selon toute vraisemblable, jouissent de l'appui de la rue nigérienne, lassée par les renoncements du président Tandja et ses atteintes répétées à l'ordre institutionnel. Considéré comme l'un des pays les pauvres de la planète, le Niger est en effet plongé dans une grave crise politique depuis que Mamadou Tandja, 71 ans, dont le dernier quinquennat s'achevait normalement en décembre 2009, avait décidé de se maintenir au pouvoir à tout prix, faisant adopter en août 2009 une nouvelle Constitution prolongeant son mandat. Il n'avait pas hésité à dissoudre le Parlement et la Cour constitutionnelle pour arriver à ses fins et s'était attiré les critiques de la communauté internationale. La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) avait suspendu le pays et l'Union européenne interrompu son aide au développement. Autant de griefs retenus contre le vieux président qui ont justifié le coup d'Etat opéré jeudi par le «conseil suprême de restauration de la démocratie», qui réunit un grand nombre d'officiers des forces armées et de sécurité de la République du Niger. Depuis l'année dernière, un bras de fer opposait l'homme fort du régime à une coalition de partis politiques, organisations de défense des droits de l'homme et syndicats rassemblés dans la «coordination des forces démocratiques pour la République». La communauté internationale a néanmoins condamné le coup d'Etat et réclamé un retour rapide à des règles démocratiques. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a ainsi appelé au respect de l'état de droit et des droits de l'homme, emboîtant le pas à la France, l'UE ou encore l'Afrique du Sud. L'Union africaine a suspendu le Niger vendredi et demandé le retour à la situation constitutionnelle d'avant août 2009. L'Allemagne a condamné à son tour le coup d'Etat militaire et appelé les protagonistes au dialogue en vue de régler la crise politique que traverse le pays.