A l'approche du Mawlid Ennabaoui Echarif, qui sera célébré cette année vendredi 26 février, les étals de commerce proposant divers produits pyrotechniques ne désemplissent pas à Djamaâ Lihoud. Ce lieu se trouvant dans la basse Casbah d'Alger est considéré comme la plaque tournante de cette simonie. Le commerce de pétards et de produits similaires en cette circonstance est fructueux. En effet, ce sont des millions de dinars qui défilent sur l'allée principale du quartier Djamaâ Lihoud, appellation donné bien avant l'époque coloniale puisque l'actuelle mosquée était une synagogue. Etalées sur des centaines de mètres, les tables posées sur les trottoirs sur le côté gauche en entrant dans ce mythique quartier de la vieille ville, sont bariolées de couleurs. Les vendeurs saisissent, comme à l'accoutumée, une occasion pour réaliser des gains assurés en vendant des articles ultradangereux. Ce commerce rapporte dans la journée en moyenne 25 000 DA, sachant que les préparatifs durent une quinzaine de jours. La place se paye au prix fort. Comme la Cosa Nostra, un jeune vendant les produits pyrotechniques verse une commission pour commercer durant cette période le plus normalement. Il ne sera point inquiété ni par les commerçants de vêtements se trouvant derrière lui, ni par les habitants du quartier. Un véritable souk qui attire des pères et des mères de famille, des jeunes intéressés par la revente de ces produits pyrotechniques, ainsi que des citoyens venant des quatre coins du pays. Les prix proposés sont plutôt plus abordables qu'ailleurs. Ils oscillent entre 50 DA pour la simple boîte de pétards, à 10 000 DA pour le coffret de feux d'artifice, suivant la bourse de l'acheteur. On constate que la plupart des produits dépassent la bagatelle de 2000 DA, comme ce qu'on appelle «el bouk», une sorte de gros pétard qui tourne par terre lorsque la mèche est allumée. D'autres produits sont vendus à 4500 DA, à l'instar des «Zenga», fabriqué généralement pour les fêtes de mariage chinois. Il est impossible de ne pas citer l'empire du Milieu dans ce commerce, puisque c'est le seul pays à fournir ce type de produits. Selon quelques vendeurs approchés sur les lieux, les produits pyrotechniques pénètrent dans le territoire algérien malgré leur interdiction. Leurs importateurs les dissimulent, confie-t-on, dans les containers de marchandises. «Les réseaux spécialisés dans ce commerce illicite profitent de la situation. Ils savent que les produits dangereux comme les pétards et consorts sont une marchandise facile à commercialiser en Algérie, car la demande est très forte et les autorités n'interviennent pas dans les rues pour les saisir», tient à dire un habitué des lieux. Des missiles de dernière génération ! Paradoxalement, en discutant avec des chefs de famille à Djamaâ Lihoud, ils se montrent tous contre la vente de produits pyrotechniques. Mais dès que nous avons eu le dos tourné, quelques-uns mettaient dans leur sac ou couffin des boîtes de pétards ou de feux d'artifice, et certains, des missiles de dernière génération ! L'absence des pouvoirs publics se fait réellement sentir dans ces endroits. Le nombre d'enfants victimes, dont ceux ayant perdu un œil, est inquiétant. La Protection civile a signalé, l'an dernier, plus d'une vingtaine de bambins blessés à l'œil et d'autres l'ont carrément perdu, d'où l'appel à une prise de conscience des parents.