Après l'envolée du prix du ciment, divers matériaux de construction connaissent une augmentation de tarif jamais égalée. Plusieurs opérateurs tirent la sonnette d'alarme sur la hausse exagérée des prix des matériaux de construction. Des entrepreneurs contactés hier à ce sujet déclarent que «le secteur du bâtiment et de la construction est à l'agonie». Pour preuve, ils donnent l'exemple d'opérateurs qui s'approvisionnent en matériaux de construction alors qu'ils ne possèdent pas de bons d'achat. «La majorité des entrepreneurs achète des matériaux de construction sur le marché parallèle. Il existe plusieurs intermédiaires qui sont responsables de la hausse des prix», explique-t-on. A titre indicatif, les dix tonnes de sable qui se vendaient entre 10 000 et 18 000 DA, selon la provenance et la qualité sont cédés actuellement à plus de 30 000 DA. L'addition est salée, que ce soit pour un entrepreneur ou un auto-constructeur. La fermeture de la sablerie de Baghlia, située dans la région de Boumerdès, est également à l'origine de la montée du prix de sable, explique Kamel B., entrepreneur en charge de projets étatiques. Des opérateurs affirment que «le pillage de sable est toujours courant». «Plusieurs camions sortant de la wilaya de Boumerdès sont remplis de sable volé sur les plages de la région. Cette pratique est assurée par des trafiquants mais également favorisée par des entrepreneurs véreux qui agissent dans l'ombre», dénonce une source activant dans le domaine. Dans le même sillage, des opérateurs indiquent que «les quantités de sable sur le marché ne sont plus suffisantes». Après l'interdiction d'exploiter le sable des oueds et par la suite son autorisation pour les deux ans à venir, nos sources s'attendent à une pénurie de ce matériau dans les mois à venir. Actuellement, le sable provient seulement de Chlef et de Tazmalt dans la wilaya de Béjaïa. Quant au sable de Bousaâda, il n'est pas considéré comme étant de bonne qualité. «Il peut être mélangé à d'autres types de sable mais il n'est pas recommandé de l'utiliser seul pour la construction», conseille-t-on. D'autre part, le prix du gravier a lui aussi augmenté. Il est passé de 7 000 DA à plus de 15 000 DA les dix tonnes. Les briques de parpaing et l'hourdi se vendent entre 35 et 45 DA l'unité, alors qu'ils étaient monnayés entre 20 et 25 DA. Comme un effet d'avalanche, les augmentations des prix des matériaux de construction suivent la hausse du prix de ciment. Dernièrement, le prix des poutrelles est passé de 160 DA l'unité à 220 DA. Et la tendance n'est pas près de s'arrêter, prévoient des entrepreneurs qui déplorent «l'absence totale des pouvoirs publics dans la régulation et la gestion de ce secteur stratégique».