Le prix du ciment a connu une hausse subite ces derniers jours. Plusieurs facteurs expliquent cette nouvelle envolée, en particulier l'arrêt de production au niveau de la cimenterie de Zahana, dans la wilaya de Mascara. Selon des entrepreneurs contactés hier, «l'arrêt de production de ciment dans la cimenterie de Zahana est à l'origine de la hausse actuelle du prix du ciment». Hier, le sac s'est vendu à 790 DA sur le marché parallèle, voire 800 DA dans quelques contrées, soit une hausse inattendue de plus de 200 DA, alors que le prix à la sortie des usines est de 260 DA». La montée en flèche du prix du ciment n'épargne aucune wilaya du territoire national, signale-t-on. Pour Kamal M., un entrepreneur activant dans des projets de logement étatiques, «l'arrêt de production de l'usine de Mascara en est la principale cause». Notre interlocuteur a ajouté que la hausse des prix a été également favorisée par la diminution de la production de la cimenterie de Oued Sly (Chlef). Joint à son tour par téléphone, le président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (Agea), Mouloud Khelloufi, confirme la flambée des prix du ciment. Inévitablement, cette situation a créé une nouvelle crise dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Au-delà des problèmes récurrents des arrêts techniques des usines de ciment ou de baisse de leur production, pour de nombreux entrepreneurs, le mal se situe ailleurs : «Ce sont les spéculateurs et les nombreux intermédiaires qui contrôlent la distribution et qui agissent sur les prix.» Même si leurs agissements ont été dénoncés antérieurement, ils opèrent toujours sans être inquiétés. «Leur seul objectif est de fructifier leurs bénéfices au détriment de l'intérêt national», nous indiquent quelques opérateurs qui dénoncent «le manque de scrupules de certains entrepreneurs qui, munis du registre du commerce, achètent des quantités considérables de ciment pour en revendre une partie sur le marché parallèle, sans se soucier de l'équilibre en matière des prix». Il est vrai que la demande en ciment est telle que l'Etat a décidé d'importer un million de tonnes au 4e trimestre de l'année 2009. Mais seules 400 000 tonnes ont été réceptionnées présentement. Les professionnels du secteur tirent la sonnette d'alarme sur cette situation qui a tendance à se répéter. «Les quantités importées sont insuffisantes», nous a indiqué le président de l'Union nationale des entrepreneurs du bâtiment (Uneb), Ahmed Bengaoud. Notons que la production algérienne de ciment, du secteur public et privé confondus, est estimée à 18 millions de tonnes annuels. Les besoins sont de l'ordre de 20 millions de tonnes. Selon nos interlocuteurs, «l'Etat a perdu tout contrôle et les intermédiaires imposent leur diktat, que ce soit à la sortie des usines de production de ciment ou au niveau de la distribution». Lorsqu'une usine arrête sa production ou la diminue, les spéculateurs de tout genre et leurs supplétifs accueillent ce type d'événement avec enthousiasme. «Cela leur donne une nouvelle occasion d'engranger les gains», expliquent les promoteurs du secteur. Cette situation n'a pas manqué de se répercuter sur le rythme de réalisation des constructions individuelles, dont la construction se fait au ralenti.