Le dossier sera examiné aujourd'hui par les pouvoirs publics. La hausse des matériaux de construction sera examinée aujourd'hui en Conseil interministériel. Les entrepreneurs algériens ne cessent, depuis le début de l'année, de tirer la sonnette d'alarme, alertant les pouvoirs publics sur les prix des matériaux de construction qui n'arrêtent pas de grimper depuis le début de l'année. “Les prix ont connu des augmentations très importantes à partir du mois de janvier 2008”, avait souligné récemment l'UGEA qui évoque des hausses jusqu'à 50% pour le fer, les agrégats et le bitume, mais aussi pour les autres produits entrant dans la réalisation des projets du BTPH. Les hausses du rond à béton dépassent les 70%. Le sac de ciment de 50 kg a dépassé 450 dinars l'unité. Le bois et le plâtre ont également augmenté. Conséquence : de nombreux chantiers sont à l'arrêt. En outre, cette cascade d'augmentations des prix surenchérit de 300 000 dinars au minimum chaque logement. “Si pour le logement social, l'Etat prend en charge la facture, pour le logement promotionnel, c'est le bénéficiaire qui risque ainsi d'être sanctionné, en supportant les surcoûts. Pour les logements sociaux participatifs (LSP), l'Etat doit intervenir pour éviter que les promoteurs titulaires de ce type de programme ne fassent répercuter les augmentations des prix sur les bénéficiaires de ces logements”, regrettait, hier, le président de l'UGEA sur les ondes de la radio Chaîne III. Ces augmentations pénalisent lourdement les entreprises de bâtiment. Et la situation devient intenable pour de nombreuses entreprises de bâtiment et de travaux publics. L'Union générale des entrepreneurs algériens avance des propositions pour atténuer la pression et préserver l'outil de réalisation. “Il faut que la formule d'actualisation des prix soit inscrite automatiquement sur tous les marchés du BTPH”, suggère-t-il. Les formules d'actualisation et de révision des prix, si elles existent sur certains contrats, sont longues à mettre en œuvre (10 mois à deux années). Le président de l'UGEA propose la mise en place par les pouvoirs publics “de mécanismes de compensation”. M. Abdelmadjid Danouni appelle à la mise en place d'une véritable politique de régulation. Il suggère aussi de défiscaliser, pendant un certain moment, l'importation de ciment en fonction de la demande et de la conjoncture. “Quand une cimenterie veut fermer pour raison de maintenance, elle doit impérativement alerter le gouvernement. Ce dernier doit lui imposer un stock de sécurité à écouler sur le marché”, ajoute-t-il. Le ministre de l'Habitat, intervenant lui aussi sur les ondes de la radio Chaîne III, souligne que “l'Etat s'engage à travers les formules de révision des prix et les engagements spécifiques à ce que les entreprises ne perdent pas d'argent”. “Ce n'est pas de notre intérêt d'affaiblir nos entreprises !” indique le ministre. Le premier responsable du secteur estime qu'il y a “suffisamment” de ciment en Algérie. Le ministre avait indiqué, mercredi dernier, que la production nationale en ciment, estimée annuellement à 16,5 millions tonnes, dont 12 millions produits par le secteur public et 4,5 millions par le privé, suffit pour concrétiser les projets en cours. “Le problème est au niveau du réseau de distribution”, a-t-il expliqué hier. Rien ne présage d'une baisse des prix dans les prochains mois. Au contraire, sans régulation, les prix pourraient grimper davantage. D'ici à la fin de l'année, plusieurs grands projets seront en chantier. Ceux qui sont en cours de réalisation devraient s'accélérer. La livraison de la majorité des grands projets d'infrastructures est, en effet, prévue pour 2009. Tous ces paramètres présagent d'une forte pression sur les matériaux de construction. Meziane Rabhi