Le centre-ville de Annaba a été pris en otage depuis maintenant trois semaines par les camelots et les vendeurs à la sauvette qui en ont transformé les principales artères en un immense souk. Cet envahissement que rien ne semble pouvoir endiguer a causé un grand malaise au sein de la population locale et particulièrement chez les riverains du Cours de la Révolution et des rues Emir Abdelkader et Gambetta. Ces derniers disent subir, non seulement, le tapage quasi permanent provoqué jusqu'au pas de leur porte par ces centaines de marchands occasionnels mais aussi les amas de détritus que ceux-ci abandonnent à même le sol une fois leur journée terminée. Des citoyens outrés par la passivité des pouvoirs publics devant cette situation jamais vécue à Annaba ont entrepris de se constituer en association pour la sauvegarde du cadre de vie de leur cité. Leurs représentants ont pris l'initiative d'alerter l'opinion publique sur le danger latent que représente le commerce anarchique pour toute la communauté en s'adressant en premier lieu aux medias. Ils se disent également prêts à observer un sit-in de protestation devant le siège de l'APC locale, qu'ils accusent de «populisme et de laxisme coupables». Le porte-parole de ces citoyens assure qu'une pétition signée par un millier de personnes est sur le point d'être transmise au wali de Annaba pour lui demander d'intervenir personnellement et de mettre fin à leur calvaire. «Basta v! Il y en a marre de ces gestionnaires qui sont en train de transformer la Coquette en douar !», s'écrie ce quinquagénaire qui affirme : «J'ai été agressé physiquement par une bande de camelots qui ont squatté le couloir de l'immeuble où j'habite et qui en ont fait un dépôt de marchandises. Ces jeunes n'avaient pas apprécié que je leur demande de se trouver un autre endroit pour leur activité» déplorera-t-il. «Non contents d'avoir investis trottoirs et même la chaussée, ces marchands illicites sont sur le point de s'introduire jusque chez nous. Si rien ne vient mettre un terme à cette anarchie, il y aura des affrontements entre les paisibles pères de famille que nous sommes et ces jeunes venus d'on ne sait où !», prévient cet autre habitant de la place Tarik Ibn Ziad, tout aussi courroucé. Les rues du centre-ville que le commerce informel a transformé en décharge publique à ciel ouvert causent par ailleurs bien des tracas aux agents communaux chargés du nettoyage de la voirie. Les équipes chargées du ramassage des ordures sont obligées de doubler, voire de tripler leurs navettes sans pour faire face efficacement à cette situation, nous déclare un agent communal. «Les marchés impromptus qui ont vu le jour à la faveur du mois de Ramadhan ont pris une telle ampleur que personne à l'heure actuelle ne peut affirmer qu'ils disparaîtront du jour au lendemain», déplorera notre interlocuteur.