C'est par souci de préservation et de sauvegarde du patrimoine musical andalou que Beihdja Rahal interroge à travers les noubas ancestrales cet héritage à la richesse incommensurable et encore méconnue qui n'a pas encore révélé tous ses secrets. C'est pour présenter le 19e album que Beihdja Rahal, en collaboration avec l'Onci, a évoqué son nouvel opus lundi, lors une conférence de presse tenue à la salle El Mougar. C'est le second album qu'elle enregistre dans le mode ghrib, dont le premier remonte à 2001. La chanteuse a axé son intervention sur sa tournée en Algérie dans 7 wilayas, dont le premier concert est prévu pour le 4 mars à El Mougar à 20h30. Beihdja Rahal sera le 7 mars à Djelfa, le 8 à Bouira, le 10 à Biskra puis à Bordj Bou Arréridj et Oum El Bouaghi. Cette tournée permettra à Beihdja de rencontrer son public en dehors d'Alger. Elle ambitionne de faire des tournées dans tout le pays. «J'aimerais aller dans les 48 wilayas», dit-elle. Faisant référence à son nouvel album, elle souligne qu'elle a entamé une série de 12 noubas pour continuer ce travail de sauvegarde. Cet album à la coquette jacquette très écolo tout en vert et avec un petit rossignol est accompagné d'un livret avec des textes en arabe et en français pour un public profane. Cette traduction est l'œuvre du professeur Saadane Baba Ali, résidant à Paris, avec qui Beihdja a écrit son livre. Sponsorisé par l'Onda et Air Algérie, cet album s'inscrit dans ce souci de préservation et de vivifier ce patrimoine musical andalou. De très beaux textes Cette chanteuse et musicienne estime que «ce patrimoine ne doit pas être confiné dans les bibliothèques mais le faire découvrir au public». Evoquant le mode ghrib, sa particularité réside dans la mélancolie, la tristesse et la nostalgie. D'autant que le choix des textes s'est effectué sur les morceaux et pas seulement sur les textes et sur l'inédit. «Ce sont des morceaux longs et pas faciles à interpréter comme le m'sedder qui demande de la rigueur et de la concentration», indique-t-elle. Ces textes très beaux et très imagés rappellent la beauté, mais aussi l'amour platonique. En témoigne ces vers «Que ton jour se lève sur un matin béni. Et que tes soirs soient toujours pleins de joie. Celui qui te côtoie devient ton serviteur. Et de ton amour un éternel otage.» Consciencieuse, cette soliste avoue que chaque album nécessite 8 mois de préparation. L'andalou se décline dans la rigueur et la détermination. Parallèlement à ses concerts, Beihdja enseigne à l'Elco (enseignement de la langue et de la culture d'origine) afin de faire connaître la culture et la musique aux enfants de la communauté émigrée. En outre, elle a créé une association dénommée Rythme et Harmonie avec entre autres Nasserdine Chaouli pour l'enseignement du hawzi et de l'andalou. Cette association commencera à activer en septembre prochain. Son vœu ? Beihdja estime que seule la formation de cette musique classique permet de mieux l'appréhender, de la divulguer et de la vulgariser. Dans cette perspective, Beihdja Rahal tente de laisser des traces de ce patrimoine musical riche et diversifié qui a eu ses heures de gloire à une époque à jamais révolue.