Cette fois-ci, Noureddine Chegrane a l'âme du coloriste avec cette nouvelle exposition aux aquarelles magnifiques très gaies et d'une grande fraîcheur qui s'est tenue du 25 février au 06 mars à la Cybergalerie Didouche Mourad. Intitulée «Good vibration», cette exposition est une rétrospective de plusieurs années de travail acharné et talentueux de cet artiste de renom. C'est plus de 25 toiles de format divers témoignant de ce mariage de tons qui se conjuguent à des signes si chers à l'artiste. Disciple d'Issiakhem et de Sahouli, il a gardé dans une partie de son œuvre cet hommage à la femme, symbole de la terre, de l'amour, et de la fertilité. Dans toute l'œuvre de Noureddine Chegrane, la femme occupe une place cardinale à l'image des différentes mythologies. Ces femmes sans visage ou souvent émacié reviennent avec des tons gais et plaisants. Dans ces tableaux, l'air du temps est à la joie, à l'allégresse et à l'enchantement. De ces œuvres émanent une sensation de plénitude et de quiétude. Chegrane a-t-il entamé un nouveau registre plus propice même s'il est resté arrimé à ses anciens signes ? L'artiste semble transcender ses préoccupations. Ces jaune, ocre, bleu, vert, ses noirs en tracé en ronds, en triangles, en carrés, en croix sont autant de signes abondants qu'affectionne Chegrane en mettant en exergue son attachement au mouvement Aouchem, Une tendance de sa prédilection et de son école. Une palette très colorée C'est à profusion que ressortent ces symboles puisés du terroir et ravivant un legs atavique fécond. Ces toiles sont autant de survivances de «palimpsestes» qui remontent à la nuit des temps d'un héritage identitaire et culturel pluriel. Ces œuvres aux intitulés distinctifs comme Le signe en mutation, Le signe dans l'espace, Persistance du signe rappellent ce penchant et interpellent sur ce substrat identitaire enfoui dans notre inconscient collectif. Ces compositions bigarrées et chamarrées rappellent par leurs titres comme Azul, Spirale bleue, Frénésie, Liberté, L'oiseau bleu. Dans d'autres, notamment Tango et La musique», l'artiste interpelle sur sa prédisposition à la musique, lui qui a l'âme d'un musicien puisqu'il avait fait partie d'un groupe de musique au Maroc il y a longtemps. D'ailleurs, ses toiles plaident pour un hymne à la musique et à l'art. Sa palette colorée à volonté et à satiété semble faire des clins d'œil à une période plus clémente et plus plaisante dans la vie de l'artiste. De son art consommé, Chegrane revisite ce legs qui fait sa particularité et sa spécificité, lui le passionné de symboles et de signes. Cette exposition d'où se dégagent bonheur, sérénité et plénitude mérite le détour.