Timide au début de l'Indépendance, l'émancipation des femmes par le travail est aujourd'hui une réalité palpable en Algérie. Des secteurs entiers ont vu grossir leurs effectifs féminins, à l'exemple du secteur de l'éducation, l'université, la santé et la presse. Malgré les comportements sociaux décadents et les pesanteurs idéologiques propres aux sociétés encore sous l'emprise de l'archaïsme, les femmes algériennes ont réussi à investir pratiquement tous les secteurs de l'activité humaine, à commencer par l'université où elles représentent la majorité des effectifs estudiantins. Elles constituent aussi l'essentiel de l'encadrement dans les spécialités les plus pointues, les sciences médicales surtout où l'on enregistre un grand nombre de professeurs, docents et maîtres-assistantes. Depuis les années 1980, la tendance à la féminisation de l'université est perceptible non seulement dans les grandes métropoles universitaires du Nord mais également dans les wilayas de l'intérieur où les bancs des facultés sont aux deux tiers occupés par des filles. La densification du réseau de lycées et collèges, en particulier dans les régions où la scolarité des filles posait problème, et la création, par la suite, des centres universitaires, ne sont pas étrangères à cette nouvelle donnée sociologique dont peuvent s'enorgueillir aujourd'hui les promoteurs du développement national. Les investissements colossaux de l'Etat dans le secteur de l'enseignement, tous paliers confondus, ont permis d'inverser la proportion des apprenants et des encadreurs en faveur de l'élément féminin et, en conséquence, la féminisation de nombreux métiers. Dont le nôtre, notamment, où, plus qu'ailleurs, la proportion filles-garçons s'est complètement inversée en faveur des premières. Il y a en effet plus de consœurs que de confrères dans les journaux, occupant qui plus est des responsabilités importantes au sein des rédactions. La presse écrite rejoint ainsi la presse audiovisuelle qui, faut-il le souligner, a été investie en force par l'élément féminin dans les années 1990 et ce, en dépit de la dangerosité extrême quant à exercer le métier durant cette époque. La justice, l'armée et la police Les autres secteurs ne sont pas demeurés en reste. C'est en particulier au niveau du secteur de la justice que la présence de la femme est la plus remarquable. Le corps de la magistrature se féminise lui aussi avec la nomination d'un nombre de plus en plus appréciable de femmes juges, présidentes de tribunaux, procureurs et conseillères. Le bâtonnat, quant à lui, compte dans ses rangs un nombre incalculable d'avocates qui, sans jeu de mots, portent fièrement leurs robes noires. Depuis les années 1980, les différents services de sécurité ont procédé au recrutement massif d'éléments féminins. L'armée d'abord qui, surprenant le monde entier, a entrepris de former des femmes-pilotes de chasse et des officiers recrutés parmi l'élite universitaire du pays. Les écoles de l'ANP, jusque-là réservées aux seuls hommes, vont accueillir dès lors des générations de filles ambitionnant une carrière militaire dans les différentes armes. Durant la même période, la sûreté nationale a ouvert ses portes aux femmes pour leur formation dans les métiers de la police. De nos jours, cela ne surprend plus personne de voir des policières chargées de la circulation routière, des inspectrices et des officiers dirigeant des unités entières de la DGSN. La situation est identique dans les autres corps constitués, la Douane et la Protection civile, entre autres, dont les effectifs féminins sont assez conséquents. Nombreux aussi sont les services de l'administration publique à être investis par des femmes dont certaines assument diverses responsabilités hiérarchiques. S'il est vrai que l'administration de l'Etat et les institutions souveraines leur restent peu accessibles, eu égard au faible nombre de femmes députés, ministres, walis, chefs de daïras ou secrétaires générales de ces institutions, cela ne saurait durer plus longtemps tant la volonté et l'ambition sont grandes chez la femme algérienne.