Une économie d'environ 54% d'énergie utilisée dans la consommation domestique est possible en construisant selon des normes appropriées, mais cela est loin de convaincre les maîtres d'ouvrage. Bien que les professionnels de l'habitat insistent sur un retour d'investissement estimé à 20 ans en moyenne, en utilisant des matériaux à économie d'énergie. Mais les maîtres d'ouvrages, notamment publics, restent soucieux sur la question des coûts et des prix de cession des logements. C'est là un des points évoqués par les professionnels du bâtiment lors de la conférence internationale sur la fenêtre en PVC, organisée dimanche à Alger conjointement par BKL Industrie et Mediterranean Float Glass (MFG), filiale de Cevital, avec des partenaires étrangers. A ce sujet, des divergences ont surgi sur le coût global et le prix. Sur ce point, le ministre de l'Habitat, Noureddine Moussa, a rétorqué que «les maîtres d'ouvrages continuent de parler prix». Pour sa part, le DG du Centre national d'études et de recherches intégrées du bâtiment (Cnerib), Hamid Afra, a signalé qu'un projet de logements à économie d'énergie engendre un surcoût de 12% en moyenne par rapport à un projet conventionnel. En effet, beaucoup d'énergie destinée à la consommation domestique échappe des toitures (30%), des murs (25%), des fenêtres (20%), des systèmes d'aération (13%) et des planchers (7%). Ces déperditions coûtent aux abonnés de Sonelgaz mais aussi à l'Etat, sans parler des gaz à effet de serre qui affectent l'environnement. L'apport des fenêtres en PVC C'est pourquoi, les professionnels ont recommandé l'utilisation de la fenêtre en PVC, une matière à base de dérivés de produits hydrocarbures disponible en Algérie et le double vitrage qui limite les déperditions énergétiques en hiver et les apports calorifiques en été, ainsi que l'émanation des gaz à effet de serre, à hauteur de 20% pour les fenêtres. L'Algérie s'est préparée dans cette perspective en publiant en juillet 1999 un décret sur la maîtrise d'énergie ainsi que deux documents techniques réglementaires, dont celui sur l'utilisation de l'aluminium, celui sur la menuiserie en bois et sur la vitrerie est en cours d'élaboration. Pour ce qui est des normes relatives à ce genre de construction, elles existent. Pas moins de 207 normes sont disponibles auprès de l'Institut algérien de normalisation (Ianor), selon son DG, Mohamed Chaïb Aïssaoui. La pétrochimique au service de l'écoénergie Les professionnels et souscripteurs dans le domaine du bâtiment, en l'occurrence les architectes, ont soulevé la problématique du surcoût qui constitue un frein pourtant. Selon les spécialistes, le PVC coûte 30% moins cher que l'aluminium. Comme ils ont attiré l'attention sur la méconnaissance de ce matériau dont une large utilisation pourrait faire baisser son coût actuel, sans l'évaluer pour autant. Le PVC et le double vitrage peuvent être utilisés pour le climat algérien, sauf au sud où ils ne résistent pas au sable. L'avantage pour le climat du nord est la disponibilité de la matière première grâce à l'industrie pétrochimique, dont la filiale de Sonatrach, l'Entreprise nationale de la pétrochimie (Enip) de Skikda, est très active. L'importation ne concerne que les équipements. Il en est de même pour le double vitrage puisque MFG fabrique du verre et il existe deux producteurs dans le domaine du PVC, dont BKL Industrie, leader sur le marché national, et la société de transformation des plastiques et métaux STPM-Chiali Spa (ex-société publique Profiplast de Sétif, filiale de l'ENPC rachetée dans le cadre des privatisations). Pour remédier à la problématique du coût et du prix, une réflexion avec les banques sur un mécanisme financier pour renforcer les ouvrants (fenêtres et portes) a été proposée.